Leçon de racisme ordinaire
EDITO : Les débats du moment sur l’ensauvagement de notre société sont difficiles à suivre. L’actualité alarmante associée à notre quotidienneté bruyante se chargeant d’alimenter les discussions de comptoirs qui convoquent les trop nombreux experts, qui font et refont le monde, planqués derrière leurs écrans. Tout le monde y va alors de son anecdote douteuse et de son authentique témoignage. Epris de certitudes plus ou moins sincères, toutes et tous cherchons de bonne foi à partager notre expérience éprouvée, sans réserve aucune et sans aucun doute ! Le problème est que si le doute est l'apanage des gens intelligents, la certitude est le privilège des cons. Ca m’arrive aussi d’être con…
Posons ici la question, elle est simple : Sommes-nous potentiellement tous des cons en puissance ? Car bien souvent, quand on se réduit à parler des « autres », en empruntant des lieux communs douteux et des raccourcis de l’esprit peu avantageux, les dérapages deviennent presque inévitables. J’en ai faits.
Parfois je souris encore moi aussi en écoutant de grandioses mais peu reluisantes théories échafaudées sur les filles de l’est, les fainéants du sud, la frigidité des gens du nord, et l’avidité des blancs de l’ouest. Honnêtement je ne devrai pas. Nous ne devrions plus. Car comme l’a écrit le très sage écrivain-auteur-compositeur français, Abd al Malik Abd al Malik, de son vrai nom Régis Fayette-Mikano : « L'intégration d'un racisme devenu inconscient est bien plus insidieuse que les insultes… »
Définir le racisme ordinaire, ce n’est c’est vrai pas si simple. J’ai pourtant pour m’y aider des amis banlieusards surdiplômés en sciences humaines et d’autres plus terre à terre qui n’ont pas lu deux livres. A tous, je veux d’abord leur redire que le racisme n’est pas né sur les publications postmodernes de nos réseaux sociaux. Et si nous sommes tombés malgré nous dans le caniveau des propos haineux et de la haine en ligne, ce n’est ni la faute à Rousseau, ni la faute à Zuckerberg. Non. La vérité m’oblige d’ailleurs à leur dire que l’Ancien Testament est probablement la première publication raciste à disposition de notre humanité…
Quand on parle maladroitement de ceux qui ne sont pas nés ici et quand on ne retient volontairement que leurs altérités, à quel moment l’idée reçue devient une affirmation de la différence, une démonstration insouciante de l’infériorité, une invitation inconsciente à la discrimination ? Si on ne nait pas raciste, on le devient. Comme cela. Et Le racisme ordinaire y contribue en proférant insidieusement un ensemble de discriminations répétées qui peuvent sembler anodines à ceux qui en sont les auteurs. Pas pour ceux qui en sont les victimes.
Qu’on se le dise : Nos croyances « débilesques », comme toutes nos âneries digitales qui jouissent actuellement d’une grande circulation dans nos foyers surconnectés sont dangereuses pour notre santé mentale mais aussi pour le devenir de nos sociétés. Les discriminations, le mépris, le confinement, l’exclusion, exacerbent la rage, le feu, les projectiles, la haine et la folie.
Mais rassurons-nous, si le racisme n’est pas génétiquement traçable. La connerie oui !
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