L’introduction en bourse de la bien-pensance
L’idéologie progressiste est celle validée par nos dirigeants. Comment être contre le progrès ? Reste à savoir de quels progrès ils parlent. La bien-pensance s’introduit progressivement dans tous les secteurs : politique, associatif, entreprise et monde financier. Elle cherche à atteindre les secteurs clés des grandes décisions prises par notre société. Elle impose ses critères de respectabilité : en dehors de leur pensée, tout est populisme ou fascisme. Alors développons leurs critères « progressistes ».
Début décembre, un article dans « Les Echos » annonce que le Nasdaq veut imposer la diversité dans les conseils d’administration. Le Nasdaq est le deuxième indice boursier américain après le Dow Jones. Il regroupe plus de 3200 sociétés américaines et représente le plus grand marché d’électronique du monde. Nous le savons, les nouvelles technologies et le déploiement du e-commerce est un marché d’avenir. Ainsi, la directrice générale du Nasdaq a annoncé « promouvoir la croissance et la prospérité de tous » en imposant dans les conseils d’administration des sociétés cotées une femme ainsi qu’un membre d’une minorité ethnique, sexuelle ou de genre. Les sociétés se refusant ces critères pourront être radiées. Autant pour réaliser des statistiques ethniques sur les conseils il y a du monde, autant pour des statistiques ethniques sur l’immigration, il n’y a plus personne. Un conseil diversifié permettrait selon la bien-pensance d’avoir une vision plus claire du monde actuel. Sous couvert de progrès et de représentativité, c’est l’introduction en bourse d’une idéologie validant un changement des mœurs et de notre société. Ils utilisent les règles de cotation pour faire infuser leur idéologie dans les plus hautes sphères. Ils créent des « Gender equity funds ». Par ailleurs, les compétences devraient toujours primer sur les séquences ADN. Quel est le progrès quand une femme est choisie pour ses chromosomes pour satisfaire leurs quotas ? Outre cet indice boursier, c’est déjà un état (La Californie) et une banque d’investissement de taille (Goldman Sachs) qui exigent la diversité dans les conseils.
La fin d’année est l’occasion pour les entreprises de revoir leur politique d’investissement. Le critère ESG (Environnement, Social, Gouvernance) a vu le jour en 1990 mais il n’a jamais été aussi prôné qu’aujourd’hui. Les sociétés de gestion en sont les pionnières. Ces critères permettent de calculer la contribution sociétale des entreprises ou des nouveaux fonds introduits sur le marché pour les comparer. Ils prennent en compte la consommation d’énergie, la pollution, les conditions de travail, la non-discrimination, l’indépendance du CA, les pratiques fiscales par exemple. Et cela commence par l’Agence Française du Trésor. En 2021, l’état va émettre sa 2ème obligation dite verte. C’est dans l’air du temps : Amundi (1ère société de gestion de fonds en Europe) a modifié sa politique d’investissement pour promouvoir les banques émettant des obligations vertes. En 2019, Amundi a lancé sa 1ère obligation climatique. A contrario, la production de tabac est progressivement exclue des fonds de gestion. Le progressisme a largement gagné la bataille des mots. Il y a le bien et le mal. Cette vision manichéenne ne laisse pas le choix aux sociétés pétrolières de se convertir aux énergies renouvelables : le seul moyen de se refaire une virginité aux yeux des progressistes. C’est ainsi qu’on assiste à un changement d’autant plus rapide des entreprises et plus largement des financements. Les sociétés sont obligées de s’adapter aux nouveaux critères pour survivre. « Dis-moi quel financement tu reçois, je te dirai qui tu es ».
On assiste plus ou moins consciemment à une évolution de société. Les progressistes ont préparé nos esprits avec la bataille des mots. Ils sont en train de réussir l’insinuation dans les organes de décision : gouvernement, finance. Ils établissent leurs règles qui décident des financements. Et ils savent se réinventer. Suite à la remise en question du capitalisme et de l’ultra-libéralisme durant cette crise sanitaire, Amundi et Renault ont co-écrit à travers le think tank Medicis un article promouvant le « capitalisme responsable » qui préconise une « économie sociale de marché ». Le pouvoir des mots. Le papier qui emballe le cadeau.
Face à la levée progressive des peuples contre la mondialisation et pour le localisme, on observe un changement des mots, pas d’idéologie.
Marie Durand est ingénieur financier.
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