Contre la gauche "nostalgique" et la droite "qui veut tout défaire" : Hollande est en campagne pour 2017
S'il n'est pas encore en campagne, ça y ressemble. Devant un parterre de ministres et de cadres socialistes, François Hollande a tenu ce qui pourrait rester comme son premier discours dans la course à sa réélection en 2017, ce mardi 3. Planchant sur "la gauche et le pouvoir" à l'invitation de la Fondation Jean Jaurès, proche du PS, en ce jour marquant le 80e anniversaire de l'arrivée au pouvoir du Front populaire, le président a été offensif. Il a ainsi défendu son bilan pour chercher à ressouder sa majorité, quitte à s'en prendre à la gauche "nostalgique" (pour ne pas dire passéiste), et attaqué l'opposition. Sans oublier de donner rendez-vous à ses détracteurs.
Le "joli mois de mai" qu'a chanté Bourvil et qui a marqué à de nombreuses reprises l'histoire de la gauche semble également réussir François Hollande. Invoquant Léon Blum et Jean Jaurès, tout autant que François Mitterrand et Lionel Jospin, le président (pas encore officiellement) candidat à sa succession à défendu son bilan de réformiste, adepte du "compromis" et des "réformes graduées". "Dans quel pays d'Europe y'a-t-il eu autant de progrès depuis quatre ans?", a-t-il même lancé, en verve.
Puis de souligner: "Je le sais, pour beaucoup, la gauche n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle se conjugue au passé. On mythifie le temps venu ses avancées sans penser à les revendiquer, à les valoriser, quand il est encore possible de les poursuivre dans la durée". Les frondeurs et autres Jean-Luc Mélenchon ou Cécile Duflot apprécieront.
Le président a aussi pointé à leur destination, sans les nommer, "une forme de nostalgie par rapport à l'Histoire", leur reprochant de ne "jamais (être) dans une volonté de conquête par rapport à l'avenir", contrairement à lui donc. Et de conclure: "La gauche est souvent belle, ravissante même, sous la droite. Mais où est-elle, que fait-elle, que produit-elle?".
Les droites non plus n'ont pas été épargnées. "Il y a ceux qui veulent tout défaire. Ça leur prendra du temps, car nous avons fait beaucoup", a-t-il ainsi raillé à propos des prétendants à la primaire de la droite faisant assaut de propositions choc. Il s'en est également pris au Front national, dont la "nostalgie" (le même mot qu'il venait d'employer pour parler de la gauche de la gauche...) serait un "renoncement".
Même en critiquant le camp d'en face, François Hollande s'en prend donc en filigrane à cette gauche qui le rejette. Car il le sait, pour l'heure, seuls les ténors de celle-ci ont enfilé les gants et sont montés face à lui sur le ring. "Pour celles et ceux qui s’abreuvent aux 60 propositions, je veux les rassurer. Il reste un an", a-t-il ainsi rappelé, semblant leur donner dès maintenant rendez-vous, à 12 mois de la présidentielle. Puis de promettre, peut-être à lui-même: "la récompense, elle ne sera pas dans l'Histoire, la récompense, elle sera dans l'avenir".
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