Discours de Macron au Congrès : un référendum si les parlementaires ne votent pas la réforme des institutions, menace le président
C'est lui le patron. Face au Parlement réuni en Congrès, ce lundi 3 à Versailles, Emmanuel Macron a tapé du poing sur la table, avec toute la retenue qu'impose toutefois le cadre des institutions. Le président a ainsi annoncé son intention de réduire d'un tiers le nombre de parlementaires dans le cadre d'une réforme des institutions dont la mesure est un pilier, mais sans être la seule. Un chamboulement qu'il a promis vouloir faire dans l'intérêt de la démocratie française et dans celui des députés eux-mêmes, tout en annonçant qu'il n'hésitera pas à passer par voie de référendum si députés et sénateurs refusaient de voter le texte. Une menace qui pourrait très bien se retourner contre lui.
"Je proposerai la réduction d’un tiers du nombre des membres des trois assemblées constitutionnelles", a ainsi annoncé ce lundi Emmanuel Macron. Puis de justifier: "un Parlement moins nombreux mais renforcé dans ses moyens, c’est un Parlement où le travail devient plus fluide avec des collaborateurs mieux formés plus nombreux. (...) Je suis convaincu que cette mesure aura des effets pour la qualité générale du travail parlementaire".
Les effectifs des 577 députés, 348 sénateurs, 233 membres du Conseil économique, social et environnemental (le méconnu Cese), soit un total de 1.158 élus et désignés, devraient ainsi fondre de 386 membres si le président arrive à faire voter sa réforme.
Sauf que celle-ci, puisque relevant d'une modification de la Constitution, devra ainsi être votée par.... le Parlement réuni en Congrès. Oui, ce sera aux sénateurs et députés de voter un texte décimant leurs rangs.
Pour anticiper cette difficulté, le président n'a ainsi pas hésité à brandir le bâton, après avoir promis la carotte. Pour que la réforme soit "parachevée" au plus tard "d'ici un an", Emmanuel Macron a ainsi prévenu les parlementaires qu'il n'hésitera pas à en appeler aux Français pour trancher et donc à procéder "par voie de référendum".
Une "arme nucléaire" pour contourner le Parlement? A voir, tant la consultation des électeurs par ce biais s'est par le passé montrée imprévisible. Comme le traité sur la Constitution européenne de mai 2005, qui s'était transformé en critique du bilan du gouvernement Raffarin et avait été finalement perdu, le "non" l'emportant à près de 55% des suffrages.
Aujourd'hui populaire et bénéficiant d'un attentisme méfiant d'une partie des Français, Emmanuel Macron joue donc gros. S'il compte surfer sur le désir de renouveau et de grand chambardement des électeurs, qui peut dire que sa cote ne sombrera pas d'ici un an? Recourir à un référendum, comme il l'a presque promis ce lundi, le placerait alors face à une alternative à haut risque: réussir ou perdre toute légitimité. Ses adversaires, parmi lesquels nombre de vieux briscards de la politique, le savent bien. Et pourraient ainsi jouer la carte du pourrissement.
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