"Islamo-gauchiste" contre "pagano-fasciste" : insultes entre Corbière (FI) et Bilde (FN) à l'Assemblée nationale
Le débat sur le projet de loi destiné à renforcer les moyens de la lutte contre le terrorisme a viré à l'affrontement digne d'une cour de récréation, jeudi 27 à l'Assemblée nationale. En pleine séance, les députés du Front national Bruno Bilde et de la France insoumise Alexis Corbière ont ainsi fait voler les noms d'oiseaux pour s'en prendre l'un à l'autre. Relayant le débat sur le texte au second plan.
Tout a commencé avec l'intervention de Bruno Bilde, repérée notamment par Le Lab d'Europe 1. Le député proche de Marine Le Pen intervenait pour plaider en faveur de l'expulsion des étrangers "dont la présence menace la sécurité publique ou est susceptible de renforcer le risque de radicalisation islamiste et d'apologie du terrorisme". Puis de conclure, sans raison apparente, par une attaque véhémente: "Et de grâce, aucune leçon à recevoir de la part des islamo-gauchistes de la France si soumise!".
Dans une ambiance d'un coup très tendue, Alexis Corbière a ensuite répondu sur le même ton: "J'ai voulu réagir parce qu'il est de bon ton de nous cibler avec des mots qui sont assez insultants -je m'adresse notamment aux élus du Front national. Nous, islamo-gauchistes? Mais quel mépris. (...) Et nous qui sommes des laïcs et des républicains, bien loin de votre pagano-fascisme et toutes les sottises que vous avez racontées pendant des décennies. Oui monsieur Bilde, je vous connais idéologiquement, rassurez-vous je n'ai rien à voir avec vous!".
Et le bras droit de Jean-Luc Mélenchon d'en profiter pour s'en prendre à Manuel Valls. "C'est assez peu honorable que certains aient utilisé cette qualification (islamo-gauchiste, NDLR) contre nous, y compris vous monsieur Valls. Vous voyez: vous parlez comme le Front national, c'est pas glorieux! Vous parlez comme le Front national quand il s'agit de nous taper dessus, monsieur Valls", a-t-il ainsi lancé à l'ex-Premier ministre. Car celui-ci a par le passé attaqué la France insoumise sur ses liens supposés avec les Frères musulmans notamment.
Et comme l'ambiance était définitivement plus au règlement de comptes qu'au débat serein (à ce stade le projet de loi de lutte contre le terrorisme était totalement occulté), Manuel Valls s'est lui aussi jeté dans la mêlée. Au micro, il a dénoncé "les liens (de la FI, NDLR) avec Les Indigènes de la République et avec tous ceux qui aujourd'hui, dans les quartiers, représentent un vrai danger, parce que précisément, derrière cela, il y a l'islamisme radical et l'islam politique".
Un "débat" qui aura eu le mérite de focaliser les échanges sur l'islam, sans doute comme le souhaitait Bruno Bilde. Pourtant qu'elles soient d'extrême droite ou d'ultra gauche d'autres formes de terrorisme ont frappé la France et l'Europe ces dernières années.
Et, au-delà de ce point, des observateurs extérieurs s'inquiètent également de la tournure que prend le projet de loi: la rapporteuse spéciale des Nations Unies en matière de droits de l'Homme a par exemple envoyé le 22 septembre une lettre au gouvernement français. Ayant même -chose exceptionnelle- rendu le document public, elle s'y dit "très préoccupée par le fait que plusieurs éléments de ce projet de loi semblent poser des problèmes sérieux en matière de respect droits de l'Homme" et notamment sur "l'exercice du droit à la liberté et à la sécurité personnelle, du droit d'accès à la justice, à la liberté de circulation, à la liberté de réunion, la liberté d'expression et la liberté de religion ou de conviction".
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