Le "cabinet noir" à l'Elysée existe-t-il ? Les fillonistes saisissent la justice contre le complot présumé (document)
"Les masques tombent!". François Fillon en est persuadé: la main de François Hollande est derrière les révélations qui pleuvent depuis la première salve publiée en janvier par Le Canard enchaîné. Un "scandale d'Etat", a attaqué le candidat LR jeudi 23 sur France 2 citant le livre à paraître Bienvenue Place Beauvau (Robert Laffont) des journalistes Didier Hassoux, Christophe Labbé et Olivia Recasens, qui "explique que (le président) fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l'intéressent à son bureau, ce qui est d'une illégalité totale". A tel point que six ténors de la droite ont décidé d'écrire à la justice pour lui demander d'ouvrir une enquête et lister de nombreuses infractions présumées dans leur courrier daté de ce lundi 27 et publié par Le Figaro.
"Association de malfaiteurs, corruption, corruption des autorités judiciaires, trafic d'influence, atteinte à la vie privée, atteinte au secret des correspondances, abus d'autorité, complicité de fraude fiscale, violation du secret professionnel, violation du secret de l'enquête"... la liste des qualifications pénales invoquées est longue. Et grave. Signée par Bruno Retailleau, Christian Jacob, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Luc Chatel et Philippe Bas la lettre est adressée au procureur de Paris François Molins et à la procureure national financier Eliane Houlette et les invite à se saisir "conformément aux dispositions de l'article 40 alinéa 2" du code de procédure pénale.
Dans le viseur des fillonistes: le "cabinet noir" présumé de François Hollande, qui serait "branché directement sur Bercy, sur Tracfin" (la cellule anti-blanchiment de l'Etat) et auquel "les informations sont apportées en permanence", a accusé François Fillon jeudi dans L'Emission politique. Le livre expliquerait ainsi, selon le candidat LR, "comment il est au courant des moindres faits, des moindres filatures". Puis de conclure: "on cherchait un cabinet noir, on l'a trouvé".
Des propos toutefois démentis dès jeudi soir par l'un des auteurs, Didier Hassoux. Celui-ci a assuré n'avoir "jamais écrit ça" et accusé le candidat d'avoir voulu faire un "coup". "La seule personne qui croit qu'il y a un cabinet noir à l'Elysée c'est François Fillon. Il y croit tellement que le 24 juin 2014 (...) il est allé voir Jean-Pierre Jouyet, qui est le numéro 2 de l'Elysée, pour lui demander d'activer ce cabinet noir. Ce cabinet noir n'existe pas", a-t-il dénoncé sur France info.
Les passages du livre invoqués par les deux parties sont pourtant troublants. Suffisamment vagues pour permettre aux auteurs de nier porter des accusations, mais dans le même temps tout à fait péremptoires. "L'addition d'indices troubles et de témoignages étonnants interroge", écrivent-ils ainsi. "Plusieurs observateurs bien placés dans l'appareil policier nous ont ainsi décrit par le menu l'existence d'une structure clandestine, aux ramifications complexes, et dont le rayon d'action ne se serait pas cantonné au seul renseignement territorial. (...) Pour orchestrer les affaires judiciaires il existe une mécanique complexe aussi efficace que redoutable. Hollande a su en tirer profit". La balle est désormais dans le camp de la justice.
Voir ci-dessous le "tableau de synthèse des infractions" transmis à la justice par les élus LR
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