Lutte contre le terrorisme : augmentation des effectifs, crédits supplémentaires… les principales annonces de Manuel Valls

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Pierre Plottu
Publié le 21 janvier 2015 - 13:10
Mis à jour le 22 janvier 2015 - 09:56
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Manuel Valls.
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©Philippe Wojazer/Reuters
"Sans renforcement massif et rapide de leurs moyens, nos services seront submergés", a déclaré Manuel Valls.
©Philippe Wojazer/Reuters
Le Premier ministre a annoncé toute une série de nouvelles mesures pour lutter contre le terrorisme. Plus de 2.600 emplois et 425 millions d'euros vont être mobilisés, un effort "massif", selon Manuel Valls, mais nécessaire afin d'éviter d'être "submergé".

"Prévenir, identifier, empêcher, agir", voilà l'objectif. Manuel Valls a annoncé ce mercredi matin les mesures du gouvernement pour lutter contre la menace terroriste qui plane sur la France, notamment depuis les attentats des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly. Au total, le Premier ministre a révélé que ce sont près de 3.000 personnes que doivent surveiller, sur le territoire, les services de renseignement français.

Renforcement des moyens en hommes et matériels des services de police et de renseignement, création d'un fichier des mis en cause dans des affaires de terrorisme, arsenal législatif, surveillance, lutte contre la radicalisation… Ce plan, vaste, prévoit de nombreuses créations de postes ainsi que des crédits supplémentaires et représente une enveloppe de 736 millions d'euros sur trois ans, dont 246 millions dès 2015. "Des mesures exceptionnelles, mais pas des mesures d'exception", a toutefois tenu à préciser le Premier ministre. Détail des annonces de ce mercredi.

>Renforcement des moyens

Au total, le Premier ministre a annoncé la création de 2.680 nouveaux postes (en plus de 1.000 par an annoncés dès sa campagne électorale par François Hollande) et l'allocation de 425 millions d'euros de crédits supplémentaires (hors coûts de personnel) sur trois ans. "Sans renforcement massif et rapide de leurs moyens, nos services seront submergés", a-t-il prévenu.

Dans le détail, les postes iront en priorité aux services de renseignement avec 1.100 recrutements, dont 530 dès cette année. Les services dépendant du ministère de la Justice (parquets, prisons…) bénéficieront quant à eux de 950 renforts répartis entre les juridictions, l’administration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse. Pour ce qui est des crédits, ils serviront à moderniser l'équipement des polices nationale et municipale (gilets pare-balles, armes, véhicules), mais aussi à renforcer les moyens de lutte contre le cyber djihadisme et de surveillance en général.

Manuel Valls a tenu à préciser que ces dépenses nouvelles "seront financées par des économies (...) sur l'ensemble du champ de la dépense publique, année après année". Les objectifs de réduction de la dépense publique et des déficits sont donc maintenus.

>Arsenal législatif

Le projet de loi sur le renseignement sera présenté "début mars" au Parlement, a assuré Manuel Valls. "Au-delà du renforcement sans précédent des moyens, il est indispensable de conforter les capacités d'agir des services de renseignement", a-t-il fait valoir. Ainsi, les interceptions (écoutes téléphoniques, par exemple) seront désormais "légitimées par la loi", grâce à un contrôle extérieur d'une "juridiction spécialisée". La France devrait ainsi acquérir un cadre légal, dont se sont déjà dotées "la plupart des démocraties occidentales", selon le Premier ministre, permettant d'étendre les possibilités d'écoutes, tout en "protégeant les libertés publiques". Des recrutements d'analystes sont ainsi prévus et les services de renseignement territorial et pénitentiaire seront désormais "associés" au renseignement national.

>Les nouvelles dispositions

Dans les prisons, cinq nouveaux quartiers dédiés aux islamistes radicaux vont être créés, sur le modèle de l'expérimentation en cours à la prison de Fresnes (Val-de-Marne) depuis octobre 2014. L'objectif est de "construire des programmes de déradicalisation" a précisé Manuel Valls. Un renfort de 60 aumôniers musulmans supplémentaires (+30%) est également prévu. Enfin, 60 millions d’euros seront spécifiquement mobilisés pour la mise en oeuvre de dispositifs de "contre-radicalisation", notamment.

Un fichier de renseignement, recensant l'ensemble des personnes "condamnées ou mises en cause" dans des affaires "en lien avec le terrorisme" va également être créé, et placé sous le contrôle d'un juge. Ceux qui y figureront seront soumis à des obligations de contrôle, tenus de signaler tout changement d'adresse ou encore de déclarer tout séjour à l'étranger, par exemple.

Une unité de "veille" va être créée au sein de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). L'objectif est de détecter le plus tôt possible la radicalisation des plus jeunes.

En ce qui concerne la "peine d'indignité nationale" réclamée par certains responsables politiques, Manuel Valls a précisé qu'il souhaitait "ne pas agir dans la précipitation sur les principes". Une commission regroupant des membres de l'Assemblée nationale et du Sénat va ainsi être créée pour formuler, sous six semaines, des propositions "compatibles avec notre droit et nos valeurs".

 

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