Manifestation contre la loi Travail : petit parcours, 2.000 policiers mobilisés

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 juin 2016 - 09:07
Image
Des affrontements et des incidents ont eu lieu en marge de la manifestation contre la "Loi Travail" à Paris.
Crédits
©Alain Jocard/AFP
Plus de 2.000 fonctionnaires de police seront mobilisés et des mesures d'"interdictions de paraître" ont été prises contre "une centaine de personnes".
©Alain Jocard/AFP
Au terme d'un bras de fer avec le gouvernement, les syndicats opposés à la loi Travail s'apprêtent à battre le pavé ce jeudi. Le parcours, proposé par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, sera resserré sur 1,6 km et mobilisera un grand nombre de policiers. Il démarrera de la place de la Bastille, tournera autour du bassin de l'Arsenal puis reviendra sur la place.

Les syndicats opposés à la loi Travail battent finalement le pavé ce jeudi 23 à Paris au terme d'un bras de fer avec le gouvernement, qui a prévenu: il ne tolèrera aucun débordement après les violences intervenues le 14 juin. Initialement, le défilé parisien n'était pas censé être une date-clé de la mobilisation contre le projet de loi, dans un contexte d'essoufflement du mouvement lancé début mars.

En fin de semaine dernière, l'intersyndicale s'interrogeait encore sur ses modalités et le numéro-un de la CGT Philippe Martinez avait prévu de défiler à Bordeaux. Mais les menaces d'interdiction, émises par François Hollande et Manuel Valls au nom de la "sécurité" après la manifestation nationale du 14 juin, puis l'annonce de l'interdiction, ont changé la donne. Elles ont suscité un tollé côté syndical et politique. "Ca nous a fait de la publicité. Je ne pense pas que c'était le but recherché", a ironisé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO. Il défilera jeudi à partir de 14h avec M. Martinez, Bernadette Groison (FSU) ou Cécile Gondard-Lalanne (Solidaires).

Le parcours, proposé par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, sera resserré sur 1,6 km. Il démarre de la place de la Bastille, tourne autour du bassin de l'Arsenal puis revient à la célèbre place. A l'origine, les syndicats voulaient marcher de Bastille à Nation. Mais la préfecture de police de Paris avait proposé un rassemblement "statique" place de la Nation afin de "mieux sécuriser la manifestation". La pression est montée d'un cran mercredi, lorsque la préfecture a interdit la manifestation, une première depuis 1962, avant une volte-face du ministère de l'Intérieur.

Syndicats et gouvernement se renvoient la balle des responsabilités concernant la sécurité des manifestations. Depuis mars, des casseurs ont pris l'habitude de s'inviter en marge des cortèges. Le 14 juin -- jour de mobilisation nationale à Paris ayant réuni 75.000 à 80.000 selon la police, un million selon les organisateurs -- a été marqué par des heurts violents, notamment à l'hôpital Necker-Enfants malades, condamnés par les syndicats. Bernard Cazeneuve a averti qu'"aucun débordement, aucune violence, ne sera toléré" jeudi. Pour Manuel Valls, "chacun devra faire preuve de la plus grande responsabilité afin d'éviter que les violences ne se reproduisent".

Plus de 2.000 fonctionnaires de police seront mobilisés et des mesures d'"interdictions de paraître" ont été prises contre "une centaine de personnes", selon le préfet de police de Paris. CGT et FO ont annoncé un renforcement de leurs services d'ordre. Mais n'en démordent pas: à eux la sécurisation à l'intérieur des cortèges, les forces de l'ordre sécurisant l'extérieur. Huit organisations, dont la CGT, FSU, Solidaires et la Ligue des droits de l'homme, réclament l'ouverture d'une enquête parlementaire sur les "dysfonctionnements" du maintien de l'ordre et "les choix opérés par le ministère de l'Intérieur" lors des précédentes manifestations. Pour Nicolas Comte, d'Unité-police SGP-FO (2e syndicat de gardiens de la paix), "tous les moyens n'ont pas été donnés" aux forces de l'ordre lors des derniers cortèges parisiens, particulièrement celui du 14 juin.

Le défilé parisien entre dans le cadre d'un appel national à grèves et manifestations dans toute la France contre le projet de loi, le dixième depuis mars à l'initiative de sept syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU, UNL, Unef, Fidl). Aucune perturbation n'est cependant prévue à la SNCF, et l'Aviation civile qui attend "des retards possibles", n'a pas donné de consigne de réduire le nombre de vols aux compagnies aériennes. Néanmoins, Easyjet a préventivement annulé une soixantaine de vols. En province, où aucune manifestation n'a été interdite, des cortèges défileront à Rennes, Toulouse, Bordeaux, Lille, Lyon, Grenoble ou Marseille.

Pour l'intersyndicale, le mot d'ordre reste inchangé: retrait du projet de loi Travail, insuffisamment protecteur pour les salariés, selon elle. M. Martinez voit comme un "problème" le fait que "le gouvernement, le président de la République ne répondent toujours pas à une opinion publique qui est contre ce texte, une majorité de syndicats qui est contre ce texte, qui n'a pas de majorité à l'Assemblée".

 

À LIRE AUSSI

Image
Bernard Cazeneuve François Hollande et Manuel Valls.
Manifestation : un raté de l'exécutif signe de tensions
Statique, puis interdite, puis finalement autorisée mais limitée: la volte-face sur la manifestation contre la loi Travail de jeudi n'a pas donné l'image d'un gouverne...
22 juin 2016 - 20:17
Politique
Image
Un défilé CGT.
Manifestation autorisée à Bastille : "une victoire" clament les leaders syndicaux
La manifestation de jeudi aura bien lieu. Même si le parcours est réduit, le gouvernement a finalement donné son accord. Une victoire, au moins symbolique, pour l'inte...
22 juin 2016 - 17:11
Politique
Image
Laurent Berger (CFDT).
Loi Travail : la CFDT condamne l'interdiction de manifester
Initialement prévu par les organisateurs (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) de Bastille à Nation, le défilé de jeudi contre la loi Travail a été interdit ce...
22 juin 2016 - 13:35
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.