Manifestation contre la loi Travail : petit parcours, 2.000 policiers mobilisés
Les syndicats opposés à la loi Travail battent finalement le pavé ce jeudi 23 à Paris au terme d'un bras de fer avec le gouvernement, qui a prévenu: il ne tolèrera aucun débordement après les violences intervenues le 14 juin. Initialement, le défilé parisien n'était pas censé être une date-clé de la mobilisation contre le projet de loi, dans un contexte d'essoufflement du mouvement lancé début mars.
En fin de semaine dernière, l'intersyndicale s'interrogeait encore sur ses modalités et le numéro-un de la CGT Philippe Martinez avait prévu de défiler à Bordeaux. Mais les menaces d'interdiction, émises par François Hollande et Manuel Valls au nom de la "sécurité" après la manifestation nationale du 14 juin, puis l'annonce de l'interdiction, ont changé la donne. Elles ont suscité un tollé côté syndical et politique. "Ca nous a fait de la publicité. Je ne pense pas que c'était le but recherché", a ironisé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO. Il défilera jeudi à partir de 14h avec M. Martinez, Bernadette Groison (FSU) ou Cécile Gondard-Lalanne (Solidaires).
Le parcours, proposé par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, sera resserré sur 1,6 km. Il démarre de la place de la Bastille, tourne autour du bassin de l'Arsenal puis revient à la célèbre place. A l'origine, les syndicats voulaient marcher de Bastille à Nation. Mais la préfecture de police de Paris avait proposé un rassemblement "statique" place de la Nation afin de "mieux sécuriser la manifestation". La pression est montée d'un cran mercredi, lorsque la préfecture a interdit la manifestation, une première depuis 1962, avant une volte-face du ministère de l'Intérieur.
Syndicats et gouvernement se renvoient la balle des responsabilités concernant la sécurité des manifestations. Depuis mars, des casseurs ont pris l'habitude de s'inviter en marge des cortèges. Le 14 juin -- jour de mobilisation nationale à Paris ayant réuni 75.000 à 80.000 selon la police, un million selon les organisateurs -- a été marqué par des heurts violents, notamment à l'hôpital Necker-Enfants malades, condamnés par les syndicats. Bernard Cazeneuve a averti qu'"aucun débordement, aucune violence, ne sera toléré" jeudi. Pour Manuel Valls, "chacun devra faire preuve de la plus grande responsabilité afin d'éviter que les violences ne se reproduisent".
Plus de 2.000 fonctionnaires de police seront mobilisés et des mesures d'"interdictions de paraître" ont été prises contre "une centaine de personnes", selon le préfet de police de Paris. CGT et FO ont annoncé un renforcement de leurs services d'ordre. Mais n'en démordent pas: à eux la sécurisation à l'intérieur des cortèges, les forces de l'ordre sécurisant l'extérieur. Huit organisations, dont la CGT, FSU, Solidaires et la Ligue des droits de l'homme, réclament l'ouverture d'une enquête parlementaire sur les "dysfonctionnements" du maintien de l'ordre et "les choix opérés par le ministère de l'Intérieur" lors des précédentes manifestations. Pour Nicolas Comte, d'Unité-police SGP-FO (2e syndicat de gardiens de la paix), "tous les moyens n'ont pas été donnés" aux forces de l'ordre lors des derniers cortèges parisiens, particulièrement celui du 14 juin.
Le défilé parisien entre dans le cadre d'un appel national à grèves et manifestations dans toute la France contre le projet de loi, le dixième depuis mars à l'initiative de sept syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU, UNL, Unef, Fidl). Aucune perturbation n'est cependant prévue à la SNCF, et l'Aviation civile qui attend "des retards possibles", n'a pas donné de consigne de réduire le nombre de vols aux compagnies aériennes. Néanmoins, Easyjet a préventivement annulé une soixantaine de vols. En province, où aucune manifestation n'a été interdite, des cortèges défileront à Rennes, Toulouse, Bordeaux, Lille, Lyon, Grenoble ou Marseille.
Pour l'intersyndicale, le mot d'ordre reste inchangé: retrait du projet de loi Travail, insuffisamment protecteur pour les salariés, selon elle. M. Martinez voit comme un "problème" le fait que "le gouvernement, le président de la République ne répondent toujours pas à une opinion publique qui est contre ce texte, une majorité de syndicats qui est contre ce texte, qui n'a pas de majorité à l'Assemblée".
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