Primaire à droite : Juppé trace sa route en leader, ses concurrents guettent la faute

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 02 avril 2016 - 16:08
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Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Bruno Le Maire.
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"Sortons des phrases toutes faites et des petites attaques subalternes pour parler du fond", martèle Alain Juppé.
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Fort de son statut de favori de la primaire de la droite Alain Juppé avance à son rythme, à la fois par stratégie et car cela correspond à son caractère. Un stoïcisme qui lui est reproché par ses adversaires, qui pensent avoir trouvé là une saillie dans la muraille, mais dont "les Français n'ont rien à foutre", tranche le principal intéressé. La seule bataille qui l'occupe: "parler du fond".

A huit mois de la primaire de la droite, le favori Alain Juppé continue de tracer sa route avec déplacements et interventions médiatiques soigneusement calibrés pendant que ses concurrents scrutent la faute de carre.

La route est longue, Alain Juppé et son équipe le savent. "Les sondages permettent d'avoir la stratégie qu'on veut, le reste est tellement aléatoire", explique un député juppéiste, pour qui "la gestion du temps est quelque chose d'excessivement compliqué". Le maire de Bordeaux s'est lancé tôt dans la bataille, en août 2014. Quand on l'interroge sur son statut de "favori", il répond, façon Compostelle, "je poursuis mon chemin".

Son chemin le mènera à partir de dimanche dans les DOM-TOM pendant près d'une semaine: Guyane, Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barth pour finir. Au programme: visites, réunions avec des élus, des chefs d'entreprises et réunions publiques. Il s'est aussi rendu récemment en Tunisie et en Algérie.

Son QG parisien recrute des "bénévoles" (options au choix à cocher: "capacités rédactionnelles, accueil téléphonique, comptabilité, capacités créatives, capacités relationnelles...").

Cette semaine, après avoir vu des entrepreneurs et des élus des Hauts-de-Seine, il a chaussé les bottes et mis le casque de chantier pour visiter la future cité musicale de l'Ile Seguin à Boulogne.

Alors, il est quelque peu agacé quand on lui demande si sa campagne ne serait pas un peu trop tranquille. "Sortons des phrases toutes faites et des petites attaques subalternes pour parler du fond", répond-il. "Je ne suis pas sûr que beaucoup aient autant d'audace que moi!". Et de citer son intention d'abroger l'ISF ou encore de repousser l'âge légal de la retraite à 65 ans.

La parole rare chez Juppé est-elle une stratégie, à la mode Jacques Pilhan, l'un des papes de la communication politique? "Il y a une part de stratégie" et "une part d'authenticité", expliquait un de ses soutiens il y a quelques semaines. Bref, Alain Juppé est au travail et ne veut pas entendre ni répondre aux piques des uns et des autres.

Les attaques ne sont pas toujours publiques, mais sont souvent faites pour être répétées. "Juppé ne changera rien, Juppé maintiendra le même modèle", affirme ainsi un de ses concurrents déclarés. François Fillon, considéré comme ayant un programme économique libéral et "thatchérien", s'est mis à parler de "programme pépère". Nicolas Sarkozy ne se prive pas de railler les bons sondages du maire de Bordeaux. "J'ai tellement soutenu M. Balladur, il avait tellement de bons sondages", a-t-il rappelé. L'ex-chef de l'Etat, président de LR, n'a lui-même pas encore dévoilé ses intentions sur la primaire de l'automne 2016.

Et d'ailleurs, relève un ancien ministre de droite, "Sarkozy est le meilleur agent électoral de Juppé", expliquant que le rejet du premier entraîne l'adhésion au second.

Inévitablement, le statut de favori expose et attire. Après un livre hagiographique sorti il y a plusieurs mois, paraît la semaine prochaine un livre ovni d'une auteure qui a investi le camp des juppéistes plusieurs mois, famille comprise.

Interrogé sur cet ouvrage qui dépeint, entre autres, sa personnalité froide et tranchante, voilà ce qu'il a répondu: "Je commence à en avoir le ras-le-bol d'entendre dire que je suis incapable d'émotions. Je ne vais pas vous livrer mes tripes comme ça sur la table, ce n'est pas mon style!". "Je pense d'ailleurs que les Français n'en ont rien à foutre de savoir ce que je ressens au fond de moi-même. Ce qui les intéresse, c'est de savoir quelle est la politique que je veux conduire demain pour sortir le pays de l'ornière".

Mais surtout, ce qui a l'air de l'avoir irrité dans le livre, ce sont les quelques lignes consacrées à la polémique sur le rôle de la France au Rwanda dans les années 90 alors qu'il était ministre des Affaires Etrangères. "Faire procès à la France, et je n'étais pas seul de toute façon (...), de porter une part de responsabilité dans le génocide est une honte et une falsification historique et cela je ne le laisserai jamais dire", a-t-il déclaré sur France Culture vendredi matin.

 

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