Propos sur le Vel d'hiv' : Marine Le Pen marche sur les traces de son père
La dédiabolisation du Front nationale en a pris un coup. En estimant dimanche 9 que "la France n'était pas responsable de la rafle du Vel d'hiv", en juillet 1942 à Paris, au cours de laquelle plus de 13.000 juifs (dont plus de 4.000 enfants) avaient été arrêtés avant d’être, pour la plupart, déportés puis exterminés dans des camps nazis, Marine Le Pen s'est attiré les foudres d'une grande partie de la classe politique.
En effet, au cours de l'émission "Le Grand Jury" RTL-LCI-Le Figaro, la présidente du FN a expliqué qu'elle "pense que de manière générale, plus généralement d’ailleurs, s’il y a des responsables, c’est ceux qui étaient au pouvoir à l’époque, ce n’est pas LA France. Ce n’est pas LA France ".
En tenant de tels propos polémiques, la fille de Jean-Marie Le Pen renoue avec une "tradition" dans le parti d'extrême-droite, celle de la déresponsabilisation de l'Etat français ( du nom officiel du régime de Vichy entre1940-1944) dans le processus de collaboration avec l'Allemagne nazie. En juillet 1995, Jacques Chirac, président de la République, reconnaissait pour la première fois la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d'hiv par ces mots: "Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français. La France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux". Dans la foulée, Jean-Marie Le Pen dénonçait cette repentance en expliquant que le chef de l'Etat payait "une dette électorale" envers les juifs au lendemain de son élection.
Plus récemment, en 2015, le président d'honneur du Front national avait livré dans le journal d'extrême-droite Rivarol sa vision du régime de Vichy et de la figure du maréchal Pétain. "Je n’ai jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître (…) Je considère que l’on a été très sévère avec lui à la Libération (…) Je n’ai jamais considéré comme de mauvais Français ou des gens infréquentables ceux qui ont conservé de l’estime pour le Maréchal. Ils ont selon moi leur place au Front national comme l’ont les défenseurs de l’Algérie française, mais aussi les gaullistes, les anciens communistes et tous les patriotes qui ont la France au cœur", avait-il alors expliqué.
En 2012, deux mois après son arrivée à l'Elysée, François Hollande a pour sa part qualifié la rafle du Vélodrome d'hiver de "crime commis en France par la France", rappelant au passager que "pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé pour l’ensemble de cette opération".
Les récents propos de Marine Le Pen s'inscrivent donc dans la droite ligne de l'idéologie historique du Front national comme l'on fait remarquer sur Twitter de nombreuses personnalités politiques."En niant la responsabilité de l’Etat français sur le Vel’d’Hiv, Marine Le Pen rejoint son père sur le banc de l’indignité et du négationnisme", a estimé Christian Estrosi.
Même son de cloche chez Emmanuel Macron qui a souligné la filiation idéologique entre le père et la fille Le Pen: "D’aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen". "Ca n'a absolument rien à voir. Marine Le Pen, elle ne conteste rien de ce qui a été choquant ou atroce de cette période, elle dit juste que c'est pas la France qui est en cause", a défendu Nicolas Bay, secrétaire général du Front national (FN), sur Sud Radio et Public Sénat ce lundi 10.
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