Richard Ferrand soupçonné d'avoir favorisé sa femme dans une affaire immobilière : des similitudes avec le "Penelopegate" ?
Pour Richard Ferrand, le ministre de la Cohésion des territoires, il n'y aucune illégalité. Il est pourtant accusé dans l'hebdomadaire Le Canard enchaîné d'avoir choisi d'installer en 2011 les bureaux des Mutuelles de Bretagne, qu'il dirigeait, dans les locaux d'une SCI appartenant à sa femme. Plus gênant encore, la SCI en question aurait été créée précisément pour répondre à ce marché, et Mme Ferrand, la gérante, a réussi à obtenir un prêt couvrant intégralement l'achat des locaux à louer, grâce à la garantie du marché issu des activités de son époux.
Le fait que l'affaire concerne une épouse d'homme politique de premier plan et implique son épouse, en plus d'être révélée dans Le Canard enchaîné, rappelle à s'y méprendre le "Penelopegate", l'affaire pour laquelle le couple Fillon est poursuivi.
Quelques points communs en apparence en effet. L'affaire repose sur le pouvoir présumé du mari pour profiter aux intérêts financiers de sa femme. Mme Ferrand a en effet pu se constituer grâce à cette opération un patrimoine financier quasiment sans risque, et sans rien avancer car ayant obtenu un prêt bancaire.
Mais derrière cette apparence, quelques grosses différences demeurent. Tout d'abord, Richard Ferrand n'était pas le seul décisionnaire du choix du prestataire pour les locaux des Mutuelles de Bretagne (on peut le soupçonner tout au plus d'avoir influencé la décision par sa position), là où François Fillon choisissait librement et seul ses collaborateurs.
Il ne s'agit également pas d'argent public, les Mutuelles de Bretagne étant un organisme privé (à but non lucratif). Penelope Fillon, elle, était payée par de l'argent public issue de l'enveloppe allouée aux parlementaires pour rétribuer leurs assistants.
Tertio, la prestation de la SCI de Mme Ferrand était réelle, les locaux existent, et les Mutuelles de Bretagne avaient besoin de nouveaux locaux pour étendre leur activité. Le travail réel de Mme Fillon, lui, est au centre des débats et la justice met clairement en doute la dimension concrète de la tâche d'assistante parlementaire de l'épouse du candidat LR en 2017.
Dernier point enfin, et dans l'attente de quelques éclaircissements, ce que révèle Le Canard enchaîné n'est pas foncièrement illégal si les procédures d'attribution (qui n'empêchent pas les conjoints de répondre à un marché privé) sont conformes. Les faits incriminés dans le Penelopegate, eux, s'apparentent à de l'emploi fictif et du détournement de fonds publics. François Fillon, son épouse et Marc Ladreit de Lacharrière (propriétaire de La Revue des deux mondes) ont d'ailleurs été mis en examen.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.