Sondage présidentielle - Macron, Le Pen, Fillon : tout reste possible pour le second tour
Plus que de marge d'erreur, tout est une question d'incertitude. Un nouveau sondage confirme le duel Macron-Le Pen qui se dessine au fil des enquêtes depuis plusieurs semaines maintenant, le duo distançant largement le troisième candidat, François Fillon, d'au moins six points. Mais cette étude Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France publiée ce mardi 28 met aussi en exergue une donnée primordiale: à moins de 30 jours du scrutin la possibilité d'une abstention record plane, et pourrait rebattre les cartes.
Un total de 25% pour Marine Le Pen et de 24% pour Emmanuel Macron, soit un écart dans la marge d'erreur, contre 18% pour François Fillon, 14% pour Jean-Luc Mélenchon et 12% pour Benoît Hamon (aucun autre candidat ne dépasse les 5%, Nicolas Dupont-Aignan plafonnant à 3,5%): les rapports de force de l'étude publiée ce mardi confirment ceux constatés par les sondages depuis le début du mois. La tendance des deux grands partis à la dérive, dépassé par sa gauche pour l'un et plombé par les affaires pour l'autre, et du duel Macron-Le Pen semble donc figée. Au second tour, la victoire du candidat d'En Marche sur sa rivale frontiste est elle aussi confortée (62% contre 38%) grâce essentiellement à un bon report des voix de gauche.
Mais ce sondage souligne également l'indécision des Français. Ainsi, une nouvelle fois la volatilité potentielle de l'électorat d'Emmanuel Macron est flagrante, avec près d'un sondé sur deux (47%) répondant qu'il votera pour lui mais précisant que son choix peut encore changer... Seul Benoît Hamon fait pire, avec 52%. Mais c'est surtout beaucoup plus que pour Marine Le Pen (18%) et un certain François Fillon (16%).
Le candidat LR empêtré dans les scandales et qui semble ne plus pouvoir compter que sur son socle d'électeurs peut ainsi encore espérer. Un faux pas de Macron, un sursaut du reflexe caporaliste de la droite pourraient ainsi suffire à lui redonner une bouffée d'air. Une hypothèse qui n'est pas à écarter dans une campagne folle et pour un homme que tous annonçaient comme le futur président de la République il y a encore quelques mois à peine.
D'autant que l'abstention pourrait également jouer. Le spectre d'une abstention record est ainsi lui aussi mis en exergue par le sondage publié ce mardi: seuls 65% des électeurs ont à ce stade l'intention d'aller voter au premier tour le 23 avril. Si ce chiffre devrait mécaniquement monter à l'approche du Jour-J, il laisse entrevoir aussi la possibilité de battre le plus faible taux de participation de la Ve République. Celui-ci était d'un peu plus de 71,5%, et c'était le 21 avril 2002.
Or l'abstention amplifie mécaniquement les scores des candidats dont la base électorale est la plus solide. "Pourquoi et comment Marine Le Pen peut gagner avec moins de 50% d’intentions de vote", explique ainsi le chercheur du Cevipof Serge Galam dans Libération. Et pas besoin d'atteindre un record pour cela: "avec 76% de participation globale, une participation de 90% pour Le Pen mais seulement 42% d’intention de vote, elle gagne avec 50,07% si la participation pour son challenger est de 65%", avance-t-il en expliquant que la candidate frontiste devienne présidente "par inadvertance" est possible.
Une démonstration qui peut également être appliquée pour le premier tour et faire, par exemple, de François Fillon un prétendant sérieux à la qualification.
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