Le Young Global Leader David Cameron de retour en politique comme chef de la diplomatie britannique, un come-back surprise dans un contexte tendu
MONDE - David Cameron est de retour aux affaires. L’ancien Premier ministre britannique a été nommé lundi 13 novembre 2023 secrétaire d'État aux Affaires étrangères par Rishi Sunak. Le retour en politique de David Cameron, ce Young Global Leader (YGL), habitué du forum de Davos et des réunions secrètes du Bilderberg, est aussi inattendu que surprenant et intervient à une année des élections législatives. Si son parti est au pouvoir depuis près de 14 ans, les Conservateurs, menés actuellement par le Premier ministre Rishi Sunak, ont essuyé de nombreuses défaites électorales locales ces derniers mois.
Un come-back surprise
Le remaniement du gouvernement britannique était attendu depuis des mois. Fin août, Grant Shapps avait remplacé à la Défense Ben Wallace. Le limogeage lundi 13 novembre de Suella Braverman a donné un nouveau coup d’accélérateur aux événements. La ministre de l’Intérieur était déjà sur la sellette, après avoir accumulé les polémiques. Elle avait déjà qualifié l’arrivée de réfugiés “d’invasion” ou “d’ouragan” migratoire. Récemment, elle a déclaré que les sans-abris ont “choisi le mode de vie” consistant à dormir sous des tentes.
The British people are compassionate. We will always support those who are genuinely homeless. But we cannot allow our streets to be taken over by rows of tents occupied by people, many of them from abroad, living on the streets as a lifestyle choice. 1/4 https://t.co/fT1Ou5kD5Q
— Suella Braverman MP (@SuellaBraverman) November 4, 2023
Sa tribune publiée mercredi 08 novembre 2023 dans le Times est la goutte qui a fait déborder le vase. Dans son texte, Suella Braverman a critiqué les forces de l’ordre, leur reprochant d’avoir autorisé une marche pro-palestinienne : “Malheureusement, il existe une idée selon laquelle les officiers supérieurs de la police sont appréciés des manifestants. Pendant la pandémie de Covid, pourquoi les forces de l’ordre n’ont pas fait de quartier face aux opposants au confinement alors que les manifestations de Black Lives Matters ont été autorisées à enfreindre les règles et que des policiers se sont mis à genoux devant elles ?”
Les propos de la ministre de l’Intérieur ont été interprétés comme une atteinte à l'indépendance opérationnelle de la police. En plus des critiques, le texte n’a pas été validé par Downing Street et la sentence est vite tombée. Rishi Sunak a nommé James Cleverly, jusque-là chef de la diplomatie britannique, à sa place, et a donc rappelé David Cameron pour occuper le poste de secrétaire d'État aux Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement.
Un retour surprise de l’ancien Premier ministre, âgé de 57 ans, qui était retiré de la vie politique depuis son départ de Downing Street en 2016 après le Brexit. Pour accéder en 2010 au poste de Prime Minister, Cameron et les conservateurs avaient repris le pouvoir à Tony Blair et ses Travaillistes, qui étaient installés aux commandes du Royaume-Uni depuis 13 ans. L’ancien chef du gouvernement britannique a démissionné en 2016 après son échec à maintenir la Grande-Bretagne au sein de l’Union Européenne (UE).
Le Moyen-Orient, l’Ukraine, la Chine... et la division chez les Tories
Ce Young Global Leader (YGL) qui, lors de ses participations au forum de Davos en Suisse, et alors qu’il était encore Premier ministre, tentait de rassurer les dirigeants et investisseurs européens sur la volonté de Londres de rester dans l’Union européenne, a du pain sur la planche. Sur le plan international, David Cameron, également habitué des réunions secrètes du Bilderberg, entend “apporter son expérience”. Il intègre les Affaires étrangères dans un contexte géopolitique très tendu (guerre en Ukraine, conflit entre Israël et le Hamas).
“Nous sommes confrontés à un ensemble de défis internationaux redoutables, notamment la guerre en Ukraine et la crise au Moyen-Orient. En cette période de profonds changements mondiaux, il a rarement été aussi important pour notre pays de se tenir aux côtés de ses alliés, de renforcer nos partenariats et de veiller à ce que notre voix soit entendue”, a-t-il écrit dans un post X. Espérant que son “expérience en tant que chef conservateur pendant onze ans et Premier ministre pendant six ans m’aidera à aider Rishi Sunak à relever ces défis vitaux”.
The Prime Minister has asked me to serve as his Foreign Secretary and I have gladly accepted.
— David Cameron (@David_Cameron) November 13, 2023
We are facing a daunting set of international challenges, including the war in Ukraine and the crisis in the Middle East. At this time of profound global change, it has rarely been more…
Autre variable de l’équation : les relations sino-britanniques. L’ancien Premier ministre se référait souvent à “l’âge d’or” des relations entre Londres et Pékin lorsqu’il était au pouvoir. Depuis quelques années, la tendance est au refroidissement entre les deux puissances.
Sur le plan interne, Cameron doit assister son Premier ministre dans la réunification du Parti conservateur, à un an des prochaines législatives. La fraction conservatrice est sujette à de nombreuses dissensions, menées par les partisans de Boris Johnson et de Liz Truss, les deux prédécesseurs de Rishi Sunak. A ces dissidents s’ajoutent désormais les soutiens de Suella Braverman.
Des frictions que les Conservateurs auraient préféré éviter, eux qui viennent d’enregistrer trois défaites électorales en quelques mois. La dernière remonte en octobre, lorsque les Labours (Travaillistes) ont remporté deux circonscriptions dans le centre de l’Angleterre, dont une considérée, y compris par les vainqueurs, comme “acquise” aux Tories.
En mai, le Parti conservateur perdait aussi des dizaines de sièges lors des élections locales. Rishi Sunak avait alors tenté de rassurer les membres de son camp en affirmant que “rien n’était joué” pour la prochaine élection générale, prévue l’année prochaine. Mais la cote de popularité de l’actuel Premier ministre plonge, elle est au plus bas. Ces déroutes sont interprétées comme un rejet de plus en plus important des Tories et de la politique de leur chef, que certains qualifient de “pro-WEF” (World Economic Forum).
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