Profil psychologique - Donald Trump : l’homme qui fascine ou qui inquiète
Durant toute la campagne américaine, la personnalité de Donald Trump a été l’objet de toutes les discussions, relayant au second plan les programmes électoraux ou les discussions apaisées. Il y avait en France un "tout sauf Donald". De par le monde, beaucoup ont parlé d’inaptitude à gouverner. Durant la campagne, grand nombre de psychiatres avaient interpellé Barack Obama sur leurs inquiétudes à l’idée de voir Donald Trump accéder à la fonction suprême.
La crainte portait sur son impulsivité. Nous avons tous pu constater des tweets tonitruants, non relus, envoyés à la va-vite comme un enfant mécontent donnant un coup de pied à une table au motif que le "bambin" se serait cogné contre cette dernière.
Donald Trump fait-il la part des choses entre ses propres fantasmes et la réalité? Il semble que cette question n’ait pas encore été tranchée. Cependant il semble qu’aucun expert n’a pu, officiellement du moins, observer de près le 45e président de la première puissance mondiale.
Le narcissisme qui séduit
Nous pourrions nous poser la question de savoir si un narcissisme pervers n’est pas à l’origine d’une volonté de pouvoir pour tous les prétendants à un poste à haute responsabilité et ce dans tous les pays du monde. Si le personnage Donald Trump est excentrique, et se veut tantôt outrancier tantôt violent, qu’en est-il dans l’intimité? Il s’agit là d’une réelle question. Est-il dans un show ou est-ce "sa" réalité qu’il montre au monde? Bien avant d’accéder à cette fonction, Donald Trump affichait déjà une importante mégalomanie qui l’a conduit à tout baptiser de son nom, de sa tour sur la 5e avenue à des steaks en passant par des casinos. En effet, autour de Donald tout s’appelle "Trump". Cependant, c’est cette même mégalomanie qui lui a permis d’échapper à plusieurs faillites. Pathologie ou génie, l’homme a "obligé" les banques à le suivre et a poussé les grands électeurs à voter pour lui. Ces attraits ne permettent pas de le comparer aux tyrans auxquels le grand public est habitué. Certaines personnes qui l’ont côtoyé ont parlé d’un trouble du déficit de l’attention. Lorsqu’on ne lui prête pas l’attention qu’il pense mériter, il fait tout pour attirer le regard. On a entendu également parler d’un menteur pathologique. Entre les paroles de campagne et les actes, n’y a-t-il pas d’ores et déjà une certaine dissonance?
Le cas "Trump" pose la question de savoir si une "expertise comportementale" ne serait pas utile lorsque des personnalités briguent un mandat. Ministre chassant la fraude fiscale puis condamné pour avoir dissimulé ses propres comptes là où il cherchait ceux des autres, les problèmes de phobies administratives, les réactions intempestives, etc.: les fonctions liées au pouvoir ne cristallisent-elle pas sur elles et vers elles une toute puissance et un narcissisme exacerbés?
Les psychiatres américains ont également parlé d’une quasi-absence d’empathie de la part de Donald Trump. Après avoir envoyé 59 missiles de type Tomahawk sur une base aérienne syrienne, il justifie pourtant d’une "empathie" pour les enfants morts après un bombardement. S’agit-il d’une empathie tronquée? Une excuse orchestrée pour contrer la politique russe? L’empathie est ici ambivalente.
Donald Trump, les yeux rougis par l’émotion, montre des photos d’enfants gazés pour justifier, expliquer, sa soudaine frappe en l’absence de toute autorisation des Nations unies, en parfaite violation du droit international. George Bush senior, au profil plus lisse, ancien directeur de la CIA, s’est empressé d’envahir l’Irak en 1991. Les profils du narcissisme sont-ils protéiformes?
Le narcissisme qui inquiète
Alors que le nouveau président avait insulté l’ensemble des minorités vivant aux Etats-Unis, étrangement leurs voix ne lui ont pas forcément manqué pour accéder à la fonction. Peu de temps après son investiture, il a signé des décrets afin d'interdire à des ressortissants d’un certain nombre de pays l'entrée aux USA. L’ensemble de ces décrets ont été annulés par des juges fédéraux. Enfin, Trump s’est heurté aux limites des réalités et par conséquent de la démocratie américaine. Rapidement, il a commencé à s’intéresser au Proche-Orient et à la Corée du nord, chasse gardée de la Chine et de la Russie. Le ton est monté rapidement avec Kim Jong-un.
L’inquiétude réelle autour du comportement narcissique est celle de cette capacité qu’a l’individu à faire abstraction des problématiques autres que celles qui le concernent. Cette abstraction de l’autre permet une recherche permanente de satisfaction des pulsions et des désirs. Lorsque ceux-ci sont contrariés –ici par la realpolitik– le narcissique n’a d’autre choix que de trouver une satisfaction de substitution pour palier à un déficit de pouvoir. Lorsqu’il s’agit du président d’une grande puissance, ce comportement est problématique car au travers de ses décisions, il n’engage pas que lui-même. L’inquiétude ne réside pas dans son narcissisme mais dans l’impact que celui-ci pourrait avoir sur le reste du monde. L’absence d’empathie réelle n’est pas plus problématique qu’une empathie feinte, elles peuvent avoir toutes deux la même répercussion: une négation totale de l’existence de l’autre.
Une des choses à retenir est qu’il est toujours possible, en l’absence de satisfactions probantes, que le Narcisse de la Maison Blanche se plaise à vouloir regarder dans un autre miroir plus satisfaisant pour son image et finisse par jeter l’éponge.
Cet article a été rédigé par Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste (http://www.psy-92.fr/). Son dernier ouvrage, Peurs, angoisses, phobies, par ici la sortie! (Ed. Marie B) est disponible en librairie depuis le 15 novembre.
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