Un an après le sabotage de Nord Stream, les enquêtes européennes ne tirent toujours aucune conclusion, une bombe thermonucléaire utilisée ?

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France-Soir
Publié le 05 octobre 2023 - 11:37
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Photo aérienne des remous causés par la fuite du gazoduc Nord Stream 1, diffusée par les garde-côtes
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SWEDISH COAST GUARD/AFP - Handout
Photo aérienne des remous causés par la fuite du gazoduc Nord Stream 1 fin septembre 2022.
SWEDISH COAST GUARD/AFP - Handout

MONDE - Un an plus tard, le mystère autour de l’explosion des gazoducs Nord Stream 1 et 2 demeure complet. Les trois différentes enquêtes ouvertes en Europe n’ont toujours pas émis la moindre conclusion ni même apporté de nouveaux éléments. Les accusations mutuelles que se lancent la Russie et l’Occident se poursuivent et les pistes jusque-là avancées n’ont toujours pas été confirmées ou écartées. Sabotage russe ? Commando ukrainien ? Opération de la CIA ? Rien de nouveau, si ce n’est les derniers éléments apportés par des analystes de cette affaire, selon lesquels l’explosion des deux gazoducs aurait été causée par... une bombe nucléaire !

Le 26 septembre 2022, d'importantes fuites de gaz sont repérées sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, reliant la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique. Le lendemain, un institut sismique suédois révèle que deux explosions sous-marines ont été enregistrées à proximité des sites des fuites, bien avant que celles-ci ne soient détectées.

Les traces d’explosifs relevées confirment qu’il s’agissait d’un acte délibéré et les explosions des deux gazoducs ont immédiatement laissé place à des accusations mutuelles de la Russie, l’Ukraine, les États-Unis et d’autres pays membres de l’OTAN comme le Royaume-Uni. Objets de tous les soupçons, Moscou a accusé les États-Unis tout en annonçant l’ouverture d’une enquête par les services de sécurité russes (FSB) pour “acte de terrorisme international”. Washington a qualifié de “ridicules” les accusations du Kremlin.

Un mois plus tard, la Russie a accusé le Royaume-Uni d’avoir “dirigé et coordonné ces explosions. La Défense britannique a dénoncé de "fausses affirmations" destinées, selon elle, à "détourner l'attention".

A l’Ouest, rien de nouveau

Trois enquêtes ont été ouvertes : la première par l’Allemagne, desservie par les deux gazoducs, les deux autres par la Norvège et le Danemark, les explosions étant survenues dans les zones économiques exclusives (ZEE) de ces deux pays nordiques.

En février, le procureur fédéral d’Allemagne, Peter Frank annonçait déjà “qu’aucune preuve” ne lie Moscou à l’acte de sabotage. Le rôle de Moscou “n’était à ce moment pas vérifiable”. Une première version qui corroborait les premières conclusions d’une enquête dévoilées en décembre par le Washington Post, selon laquelle “rien ne liait, de manière concluante, la Russie à l’attaque”.

Aucune des trois enquêtes ouvertes n’a abouti à des conclusions. Les hypothèses sont nombreuses. Si la piste d’un sabotage russe s’est peu à peu tassée, d’autres se sont intensifiées. En avril, le procureur suédois Mats Ljungqvist a dévoilé que la “principale hypothèse est qu’un État est derrière”. La Suède, avait-il fait savoir, est “dans la phase finale de l’enquête” et espère rendre ses résultats publics d’ici 2024.

Peu avant sa déclaration, le New York Times a affirmé qu’un “groupe pro-ukrainien” serait à l’origine du sabotage, “sans implication du président ukrainien” Volodymyr Zelensky. L’information est corroborée par des médias allemands, comme Der Spiegel et ZDF, qui ont rajouté qu’un équipage ukrainien aurait navigué depuis l’Allemagne jusqu’au large de l’île danoise de Bornholm pour mener cette opération.

L’implication des États-Unis, “satisfaits de savoir” que Nord Stream ne soit plus “qu’un morceau de métal au fond de la mer”, ne fait aucun doute pour le journaliste d’investigation américain Seymour Hersh. Dans un article publié mercredi 8 février 2023 sur Substack, il affirme que des plongeurs de l’US Navy ont posé des explosifs sur ces gazoducs en juin 2022 avant de les faire exploser en septembre. Le lauréat du prix Pulitzer 1970 affirme que les plongeurs de l’armée américaine ont été aidés par la Norvège.

Nord Stream sabotés par une bombe thermonucléaire ?

Dans un nouvel article publié le 26 septembre, “à l’occasion du premier anniversaire” des explosions, le journaliste d’investigation maintient ses affirmations, qualifiant le sabotage de “crime parfait” tant l’équipage qui en serait à l’origine “[n’auraient] laissé aucune trace”. Seymour Hersh évoque surtout d’autres détails de ce qui serait les coulisses de la décision de Joe Biden de saboter Nord Stream et ses motivations.

Le même jour du 26 septembre, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni à la demande de la Russie, qui a annoncé son intention de présenter un projet de résolution. La délégation russe a de nouveau accusé Washington d’avoir mené “un acte criminel scandaleux” afin de “consolider sa domination [énergétique] sur l’Europe”, en favorisant la vente de son gaz au détriment de celui de Moscou.

Seymour Hersh n’est pas le seul à être revenu sur cette affaire ces derniers jours. Un physicien irlandais, Hans-Benjamin Braun, a partagé sur X une image prise par un capitaine de bord allemand au moment de l'explosion. Les conclusions du professeur de l’Université de Dublin, qui dit se baser sur plusieurs preuves géophysiques, ne sont pas anodines.

“Le sabotage de Nord Stream a été réalisé par une arme nucléaire”, a-t-il affirmé. “Le récit dominant d’un explosif de 500 kg de TNT est définitivement démystifié. L’explosion aurait généré une explosion visible en surface de 25 mètres de diamètre, ce qui contraste clairement avec la photographie ci-dessous”, dans laquelle on voit un nuage d’une hauteur de 56 mètres et d’un diamètre de 350 mètres.

Si Berlin ne tire toujours pas de conclusions de son enquête, le Service fédéral de renseignement (BND) mènerait actuellement une enquête interne contre X après la fuite des d’informations classées “secret” sur l'attaque des gazoducs Nord Stream.

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