Nicolas Sévin dénonce un "abus de pouvoir" de la part du ministère de l'Agriculture

Auteur(s)
FranceSoir
Publié le 30 août 2021 - 18:35
Image
Julien Denormandie
Crédits
ALAIN JOCARD / AFP
Julien Denormandie
ALAIN JOCARD / AFP

Nicolas Sévin poursuit sa lutte contre "la discrimination systémique utilisée par l'administration envers les personnes handicapées." En effet, embauché en 2011 par le ministère de l'Agriculture, il n'était pas ressorti des deux ans de formation avec la titularisation qu'il espérait, pourtant fort de toutes les certifications professionnelles obtenues.

Il y a deux mois de cela, le sénateur Philippe Paul interpelait donc le ministère en question sur les "conditions de titularisation des techniciens stagiaires", s'appuyant sur l'exemple de Nicolas Sévin. Le 26 août dernier, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a répondu au sénateur.

Voir la question et la réponse sur le site du Sénat

Seulement, selon M. Sévin, le ministre ne fait que "renvoyer dans les cordes" son interlocuteur et ainsi "assume sa politique de recrutement discriminatoire".

De fausses insuffisances

Le point nodal du conflit se tient dans la bonne application ou non de l'article 7 de l'arrêté du 3 juin 2014, relatif aux modalités d'enseignement professionnel des personnels recrutés au ministère, rédigé comme suit :

"À l'issue de la formation, les résultats des techniciens stagiaires sont validés par le conseil de la formation. Ce conseil propose la titularisation des techniciens stagiaires qui ont obtenu toutes les certifications. Le conseil de la formation peut proposer, pour les techniciens stagiaires qui n'ont pas obtenu toutes les certifications, une prorogation de stage d'une durée maximale d'un an, en vue de leur permettre d'obtenir les certifications manquantes."

Le ministre indique dans sa réponse que « le conseil de formation de l'école des techniciens n'est pas tenu de se prononcer favorablement à la titularisation de l'agent dès lors que des insuffisances ont été constatées lors du stage dans le service de pré-affectation ». Cela étant, le fait est que Nicolas Sévin n'a fait montre d'aucune insuffisance dans les appréciations officielles du stage ainsi que dans l'expertise psychiatrique, pas plus qu'il n'a eu a essuyé de blâmes, avertissements ou sanctions disciplinaires. Le dossier qu'il a fourni, y compris l'évaluation des stages dans la structure où il avait été pré-affecté, semble effectivement exempt de toute "insuffisance".

Une règlementation innaplicable

Le ministre nous informe aussi que « ce conseil de formation n'émet qu'un avis sur la titularisation du technicien stagiaire, et qu'il appartient à l'autorité de nomination d'apprécier in fine, sous le contrôle du juge administratif, l'aptitude professionnelle du stagiaire et de procéder à sa titularisation ». Il oublie cependant de préciser que l'autorité de nomination dont il est question ne peut apprécier ladite aptitude professionnelle du stagiaire qu'en cas de certifications manquantes qui ont fait obstacle à sa titularisation, suivant le bon respect de l'article 7 de l'arrêté du 3 juin 2014. Cette disposition réglementaire ne peut donc s'appliquer à Nicolas Sévin, dont il est acté qu'il a déjà obtenu toutes ses certifications et stages, ce qui lui garantissait nécessairement une titularisation effective depuis octobre 2013, au même titre que ses collègues de promotion.

En définitive, ce que M. Sévin dénonce, c'est un "abus de pouvoir" de la part du Ministre. Un "sentiment d'impunité qui s'étend sur sept ans de procédures abusives", nourries par la justice administrative. Il nous rapporte aussi que "grâce au juge administratif, le Ministre peut désormais utiliser cette jurisprudence pour contrer les résultats probants des vrais professionnels et des médecins agréés, quand bien même il ne dispose pas des compétences requises, et asseoir ainsi sa politique discriminatoire envers les personnels handicapés sous couvert de mesures de restrictions budgétaires (voir compte-rendu de la CGT pièce jointe n°4)."

Considérant cette réponse comme un affront, Nicolas Sévin se tourne une fois de plus vers le Sénat et attend sa réaction.

 

À LIRE AUSSI

Image
Nicolas Sévin P4C
« Une discrimination d’État portée contre les travailleurs handicapés » Nicolas Sévin temoigne
M. Philippe Paul, sénateur Les Républicains du Finistère, a interpelé le ministère de l'Agriculture au sujet d'un licenciement arbitraire et injustifié qu'a subi M. Ni...
30 juillet 2021 - 17:43
Opinions
Image
Alexandre Juving-Brunet
"Des milliers de citoyens font battre le coeur de la France tous les samedis" Alexandre Juving-Brunet
Ancien capitaine de gendarmerie, saint-cyrien, Alexandre Juving-Brunet en a gardé un parler franc et direct. Aujourd'hui entrepreneur, il porte un regard engagé sur la...
05 août 2021 - 00:37
Vidéos
Image
Philippe Prigent
"Si le ridicule tuait les mesures administratives..." Philippe Prigent
Philippe Prigent est avocat au barreau de Paris et a récemment fait des siennes sur un plateau de télévision en "éparpillant façon puzzle" ses contradicteurs, mis face...
23 août 2021 - 20:55
Vidéos

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.