Agression antisémite à Marseille : le parquet demande la détention de l'adolescent
Le parquet de Paris a ouvert ce mercredi 13 une information judiciaire sur l'agression d'un enseignant juif à Marseille, lundi 11, et demandé que le mineur soupçonné soit placé en détention provisoire pour une tentative d'assassinat à l'origine d'un vif débat sur le port de la kippa face à la menace terroriste. Le parquet de Paris a ouvert son information judiciaire notamment pour tentative d'assassinat aggravée en raison de la religion et en relation avec une entreprise terroriste.
L'agression lundi à la machette, quelques mois après deux autres attaques antisémites dans la même ville, a ravivé les inquiétudes des juifs marseillais et le président du consistoire local leur a conseillé de ne plus porter la kippa dans la rue, par sécurité. Un appel immédiatement critiqué par le grand rabbin de France et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), et qui a suscité de nombreuses réactions dans la classe politique.
Agé de 15 ans, le suspect, un Turc d'origine kurde inconnu des services de renseignement, a dit avoir agi "au nom d'Allah" et du groupe Etat islamique. Lors de sa garde à vue, il n'a montré "aucun regret, si ce n'est celui de ne pas avoir tué sa victime", selon une source proche de l'enquête. Il a exprimé une intention de "+planter+ les juifs et les policiers" qu'il a qualifiés de "mécréants", a-t-elle ajouté. "Je ne regrette rien, j'en suis fier", avait soutenu l'adolescent lors de son interpellation, ajoutant même avoir "honte de ne pas avoir tué" l'enseignant, selon une autre source proche de l'enquête.
Le professeur, Benjamin Amsellem, qui selon son avocat a eu "le sentiment" que son agresseur voulait le "décapiter", a pu se défendre et s'en est finalement sorti avec des blessures légères. L'adolescent a, lui, été interpellé quelques minutes après l'agression. Il a menacé les policiers.
Issu d'un milieu "classique et normal", ce lycéen bien noté se serait radicalisé "via internet", selon le parquet de Marseille. Une source proche de l'enquête le décrit comme "isolé" à l'école, mais ne posant aucun problème jusque-là. "Ses parents sont déboussolés", ajoute cette source, qui évoque "un emballement très récent" chez l'adolescent. Il a assuré en garde à vue avoir agi seul. Daech a déjà lancé des appels à ses partisans pour des passages à l'acte isolés dans des pays qu'il considère ennemis, comme la France.
Treize mineurs sont actuellement mis en examen dans des dossiers de djihadisme, dont trois en détention provisoire et dix sous contrôle judiciaire, selon les chiffres du parquet de Paris. Sept autres mineurs font l'objet d'un mandat de recherche. La peine de prison pour des mineurs de moins de 16 ans pour les faits les plus graves, comme une tentative d'assassinat, ne peut excéder 20 ans.
A Marseille, le président du consistoire israélite, Zvi Ammar, a "incité" mardi ses coreligionnaires à "enlever la kippa dans cette période trouble, jusqu'à des jours meilleurs".
Une décision qui lui fait "mal au ventre", a expliqué ce responsable de l'une des plus importantes communautés juives d'Europe, avec quelque 70.000 membres, qui reprend un appel déjà lancé par l'enseignant victime de l'agression, via son épouse, qui encourageait "la communauté" à mettre une casquette.
"Nous ne devons céder à rien, nous continuerons à porter la kippa", a répliqué le grand rabbin de France, Haïm Korsia. Le président du Crif, Roger Cukierman, a jugé qu'il ne s'agissait "certainement pas" d'une "bonne idée". "Cela traduit une attitude défaitiste, de renoncement", a-t-il déclaré, tandis que de nombreux responsables politiques ont appelé à ne pas céder à la peur.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a indiqué mercredi qu'il se rendrait "dans les prochains jours à Marseille pour réaffirmer la détermination de l'Etat à protéger tous ses enfants et la liberté de culte".
"Sous ma responsabilité, des milliers de policiers et de gendarmes, depuis des mois, assurent la protection des écoles, notamment de confession juive, des églises, des mosquées et des synagogues", a-t-il insisté. "Ce haut niveau de protection, dans un contexte de risque terroriste accru, sera maintenu".
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