Qui était Charaffe al-Mouadan, le djihadiste français abattu en Syrie ?

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 29 décembre 2015 - 20:48
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maison Charaffe al-Mouadan
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La maison d'enfance de Charaffe al-Mouadan à Drancy.
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Le djihadiste français Charaffe al-Mouadan, dont les Américains ont annoncé mardi la mort en Syrie, était proche d'au moins un des kamikazes du Bataclan, Samy Amimour, sur lequel il exerçait un ascendant.

Selon le Pentagone, Charaffe al-Mouadan, ce Français a été tué le 24 décembre. Washington le présente comme "lié directement" à Abdelhamid Abaaoud, le jihadiste belge soupçonné d'être l'organisateur des attentats du 13 novembre à Paris, et affirme qu'il "préparait activement d'autres attaques" pour le compte de l'organisation Etat islamique (EI). Une source française est moins affirmative: "en l'état, rien ne permet d'affirmer son implication" dans ces attaques terroristes, les plus meurtrières de l'histoire de France.

Mais, sans évoquer de liens établis avec Abaaoud, cette source relève qu'al-Mouadan, 26 ans, était un ami de Samy Amimour. Le pavillon de la famille al-Mouadan à Drancy, au nord de Paris, a d'ailleurs été perquisitionné quatre jours après les attaques, selon une source proche du dossier. Al-Mouadan et Amimour avaient été arrêtés le 16 octobre 2012 avec un troisième habitant de Drancy, Samir Bouabout: ils projetaient de partir combattre, au Yémen ou en Afghanistan, via la Somalie.

Dans le trio, visé par un mandat d'arrêt depuis octobre dernier, l'ascendant était clairement exercé par al-Mouadan, se souvient une source proche de l'enquête de l'époque.

Dernier d'une fratrie de huit enfants, ce fils d'un mécanicien est né à Bondy de parents marocains avant d'obtenir en 1992 la nationalité française.

C'est dans le pavillon familial que le jeune homme semble basculer dans l'islamisme radical, en "surfant" sur internet. Un mode d'initiation "virtuel" qui semble avoir été celui d'Amimour et de Bouabout.

Selon un proche entendu par les services antiterroristes, al-Mouadan, qui a grandi dans une famille pratiquante, n'était "au départ, pas trop religion" avant d'en adopter une "vision extrémiste". Il ne fréquentait pas de mosquée particulière, selon ce témoignage rapporté à l'AFP par une source proche du dossier. Le maire de Drancy Jean-Christophe Lagarde a toutefois évoqué mardi le rôle d'un "recruteur qui fréquentait la mosquée du Blanc-Mesnil", commune voisine.

En mars 2012, al-Mouadan, Amimour et Bouabout s'inscrivent dans un club de tir sportif, pour s'aguerrir, reconnaîtront-ils. Al-Mouadan contracte un prêt à la consommation de 20.000 euros pour financer le périple avorté.

Mais après le coup de filet d'octobre 2012, al-Mouadan affirme aux enquêteurs avoir abandonné tout projet de jihad, préférant opter pour une "hijra", une immigration en terre d'islam avec pour but affiché de parfaire ses connaissances en arabe.

Il semble d'ailleurs avoir brièvement séjourné en Tunisie comme Bouabout, indique une source proche du dossier. Le projet "yéménite" avait échoué en raison du manque de contacts et d'une mauvaise maîtrise de l'arabe.

Les trois hommes sont mis en examen mais laissés libre. Un an plus tard, ils sont en Syrie: al-Mouadan part le premier. Puis quelques jours plus tard, le 6 septembre 2013, Bouabout et Amimour sont repérés en Turquie. Ils sont accompagnés d'Omar Mostefaï, un autre kamikaze du Bataclan.

Auprès de ses proches, El Mouadan invoque la dimension "humanitaire" de son séjour syrien. Mais il incite en vain un de ses aînés à le rejoindre et envoie à un autre des photos de lui souriant et armé, rapporte une source proche du dossier.

Selon cette source, Mostefaï, Amimour, Bouabout et al-Mouadan ont pu rester dans le même secteur en Syrie. Les deux premiers sont morts au Bataclan. Après avoir cru qu'il pouvait être passé en Grèce en septembre, les enquêteurs sont convaincus que Bouabout était en Syrie au moment des attaques.

Quel rôle a joué al-Mouadan? Selon un témoin, au Bataclan, avant l'assaut policier, l'un des assassins a demandé à son comparse s'il comptait appeler "Souleymane". Agacé, son complice lui aurait répondu qu'ils allaient mener la fin de l'opération "à leur sauce".

"Abou Souleymane" (le père de Souleymane) est la "kounya" (surnom) qu'utilisait El Mouadan en Syrie et sur son compte Twitter, qui a été suspendu. Mais c'est un prénom commun. Les enquêteurs travaillent notamment sur un autre "Abou Souleymane", qui serait un Belge.

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