Vidéo du viol présumé : ouverture d'une information judiciaire pour "viol en réunion"
Le parquet de Perpignan a ouvert ce 5 mardi une information judiciaire pour "viol en réunion", deux jours après l'interpellation de deux hommes identifiés dans une vidéo violente largement relayée sur les réseaux sociaux.
"Une information a été ouverte pour les chefs de viol en réunion, enregistrement d'images d'un viol en réunion et atteinte à la vie privée", a déclaré le procureur de la République Achille Kiriakides, dans une brève déclaration au palais de justice de Perpignan.
Les deux suspects, âgés de 18 et 22 ans, devaient être mis en examen dans la journée, a précisé le procureur, ajoutant avoir requis leur placement en détention provisoire.
Les mis en cause avaient été placés en garde à vue dimanche 3 au matin après la diffusion des images d'une relation sexuelle particulièrement brutale, qui a eu lieu la veille, le 2 janvier au soir avec une jeune femme. L'identification de l'un des deux hommes avait permis de remonter jusqu'au trio, dans un appartement de Perpignan.
Les trois protagonistes, qui se connaissaient, s'étaient réunis pour, "selon leurs dires, faire la fête", a déclaré le procureur à la presse, relevant le "contexte d'alcoolisation" de la soirée.
"A un moment donné, la jeune fille a subi des rapports sexuels qui ont été filmés avec un téléphone portable", puis diffusés sur les réseaux sociaux, a-t-il dit, au côté du directeur départemental de la sûreté publique des Pyrénées-Orientales en charge de l'enquête, Yannick Janas.
Le procureur a précisé que "les expertises médicales, informatiques, toxicologiques et psychologiques" détermineraient si "ces relations ont été intégralement et librement consenties".
La vidéo, un montage d'un peu moins de 5 minutes diffusé sur Snapchat et largement relayé sur plusieurs réseaux sociaux dont Facebook, montre une relation sexuelle particulièrement brutale ressemblant à un viol.
On y voit deux hommes en survêtement, dont on n'aperçoit jamais le visage, boire du whisky et fumer des joints avec leur victime présumée, apathique, qui paraît droguée ou alcoolisée. Les images sont accompagnées de commentaires écrits dégradants sur la jeune femme, tout au long de la relation sexuelle. Cette jeune femme, âgée de 18 ans, n'a pas déposé plainte "pour le moment", a précisé le procureur mardi.
Lundi, une source proche de l'enquête avait indiqué que des poursuites pouvaient être engagées pour viol, même si la jeune femme décidait de ne pas porter plainte, alors qu'elle parle de relation "consentie". Il s'agira de déterminer "le degré d'acceptation" de cette relation et de dire si son jugement était altéré par la contrainte, l'alcool ou la drogue, avait-on expliqué.
L'avocate du mis en cause de 22 ans, Me Françoise Nogues, a déclaré, avant l'intervention du procureur, que son client "clame son innocence tant pour les faits de viol que pour la diffusion de cette vidéo à caractère pornographique".
Selon elle, les trois jeunes étaient "amis de longue date" et son client, qui est né à Perpignan qui y travaille dans le domaine social, considère la jeune femme "comme sa petite amie depuis 5 ans". "Il s'agit de libertinage, peut-être poussé, (...) mais en aucun cas il ne peut y avoir viol", a affirmé l'avocate.
"Ces faits ne sont pas répréhensibles au sens juridique du terme", a-t-elle ajouté, parlant de "relations sexuelles consenties entre adultes avertis".
Les faits ont eu lieu dans un quartier du sud de Perpignan, dans l'appartement du suspect de 18 ans, où les deux hommes avaient été interpellés dimanche au petit matin, a précisé l'avocate. Leur garde à vue avait été prolongée lundi.
Dans le même appartement, leur victime présumée avait été retrouvée en état d'ivresse, quelques heures après l'agression présumée.
La police de Perpignan, alertée par un internaute, avait été chargée de deux enquêtes pour "diffusion d'images pornographiques sur internet et pour suspicion de viol aggravé".
Celle d’Évry avait également reçu "un signalement d'une personne" ayant "trouvé cette vidéo inacceptable" et avait ouvert une enquête en flagrance, mais le parquet d’Évry s'est dessaisi lundi matin au profit de celui de Perpignan.
S'ils sont reconnus coupables, les deux hommes encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle, a indiqué le procureur.
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