Handicap-mobilité. Les parisiens handicapés, les oubliés des JO et des jeux paralympiques
Pour des raisons que nous expliquions la semaine dernière dans notre article « Paris, le cauchemar des handicapés », les personnes à mobilité réduite (PMR) renoncent à circuler dans la capitale et à assister aux évènements culturels et sportifs.
Durant les JO, ceux qui résident à proximité des sites d’épreuves auront intérêt à quitter Paris, sauf à rester confinés tout près de chez eux.
Les difficultés auxquelles les handicapés sont habituellement confrontés risquent en effet de considérablement s’aggraver durant les JO et les jeux paralympiques, et il est probable que peu d’entre eux pourront profiter des festivités.
Autour des sites de compétition, la circulation sera interdite aux véhicules motorisés dans les zones grises et rouges. Des exceptions sont prévues notamment pour les riverains qui devront se procurer un Pass Jeux.
Un casse-tête prévisible pour les parisiens handicapés
Des exceptions particulières sont-elles prévues pour les PMR ? Hé bien non. Comme les autres, elles devront avoir un « motif légitime », résidence ou rendez-vous médical, pour se rendre dans les zones rouges avec leur véhicule motorisé et la traversée de ces zones leur sera interdite si leur destination finale ne s’y trouve pas. Seuls les piétons et les cyclistes pourront librement circuler dans ces endroits.
Et pour les handicapés résidant dans les zones grises, la situation va encore plus se corser. Ces secteurs seront strictement interdits aux véhicules motorisés, sauf urgence et véhicules des forces de l’ordre. Seuls les automobilistes disposant d’une « solution de parking » privée seront autorisés à entrer dans le secteur pour rejoindre leur garage. Aucune exception n’est prévue pour les PMR résidents stationnant habituellement sur la voie publique, qui n’auront plus qu’à garer leur véhicule à distance et à rentrer chez eux comme ils le peuvent, sachant que les lignes de bus seront déviées et que la plupart des stations de métro parisiennes sont inaccessibles pour les personnes en fauteuil roulant.
« Il peut être signalé que 1000 taxis verts accessibles aux usagers en fauteuil roulant et navettes accessibles pour toutes les personnes en situation de handicap pourront emprunter les voies olympiques et paralympiques pour se rendre aux épreuves », nous informe par mail le service de presse de la Préfecture de Paris.
Certes. Mais cela ne concerne que les privilégiés qui auront pu s’offrir une place, et ça ne résout pas les problèmes de mobilité du quotidien. Et on notera que « accessibles » ne signifie pas « réservées ».
D’autres dispositions ont été prévues pour ces chanceux nous explique encore la Préfecture de Police de Paris :
- Identification de zones de dépose/reprise spécifiques pour les véhicules transportant des personnes en situation de handicap.
- Mise à disposition de places de parking pour les usagers en fauteuil roulant (UFR) qui viendraient avec leur propre véhicule
- Mise en place de files d’accueil dédiées aux personnes en situation de handicap au niveau des postes de contrôle situés à l’entrée des sites.
Un grand flou concernant les règles et procédures applicables
Nous avons demandé à la Préfecture si un renforcement du contrôle des fausses cartes était prévu. Comme nous l’expliquions dans notre article du 28 juin, la fraude est massive et de nombreux valides n’hésitent pas à envahir les espaces réservés aux PMR. Il nous a été conseillé de poser la question à la Délégation interministérielle aux Jeux Olympiques et Paralympiques (DIJOP). Autrement dit, non. Il ne sera pas donné consigne aux policiers parisiens de faire preuve d’une vigilance particulière en la matière.
Or certains de ces policiers nous ont expliqué que les évènements sportifs, tout comme les grands concerts, sont une cible privilégiée de fraudeurs peu scrupuleux. Pour avoir accès aux parkings, généralement à proximité du site et gratuits, ainsi qu’à de meilleures places dans les gradins, ou pour éviter des attentes parfois fort longues, les possesseurs de fausses cartes d’invalidité n’hésitent à se préenregistrer et à louer des fauteuils roulants dont ils n’ont aucunement besoin.
« Au Stade de France, où il y a seulement 70 places de parking réservées aux handicapés, une carte d’invalidité sur 2 est fausse et son propriétaire s’est fait inscrire comme PMR », nous affirme un fonctionnaire.
Des fonctionnaires de police qui parlent avec une certaine inquiétude du « grand flou » qui entoure les règles applicables et les procédures durant ces Jeux. Ils se désolent de ne pas avoir été convoqués à une seule réunion d’information en la matière. Ce à quoi la Préfecture de police répond que les « agents mobilisés au quotidien seront encadrés et destinataires de consignes précises sur leur mission ».
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