Cancer du sein : les facteurs environnementaux, comme la pollution, en cause ?
Un nouvel ouvrage à paraître sur le cancer du sein suscite actuellement nombre de réactions. Selon son auteur, le professeur André Cicolella, la recrudescence du cancer du sein serait liée à des facteurs environnementaux comme la pollution. D'après ses informations, les substances chimiques, que l'on trouve aujourd'hui n'importe où, y contribueraient largement. Face à cette thèse, les journalistes de L'Obs, en partenariat avec Franceinfo, ont mené leur enquête auprès de spécialistes.
Dans un premier temps, ils ont tenté de rentrer en contact avec l'Institut national du Cancer (INCA). Interrogé sur la question, l'organisme a reconnu la nocivité de quelques substances dénoncées dans l'ouvrage (comme la pilule, les traitements hormonaux de la ménopause et le Distilbène) mais a balayé d'un revers de la main les affirmations d'André Cicolella."La pollution n’est pas, selon les études existantes, un facteur de risque d’une survenue de cancer du sein", a-t-il expliqué jugeant le terme +épidémie+ "excessif".
Même son de cloche pour Jean-Yves Blay, professeur de cancérologie et directeur du Centre Léon-Bérard de Lyon, également interrogé par L'Obs. "Je comprends qu’on cherche à attirer l’attention sur les facteurs environnementaux du cancer du sein, mais le mot +épidémie+ me paraît excessif", a-t-il expliqué. Et d'ajouter: "Que les pollutions chimiques y contribuent, et qu’il soit indispensable d’approfondir les recherches pour mesurer cette incidence, cela ne fait pas de doute. Mais dire que l’augmentation des cancers du sein au cours de ces dernières décennies est due principalement à ces facteurs environnementaux, je ne peux pas y souscrire. Leur poids n’est pas démontré".
Toutefois, les avis divergent sur le sujet. Suzette Delaloge, oncologue et chef du comité de pathologie mammaire à Gustave-Roussy, n'a pas le même point de vue. "Ce qu’écrit André Cicolella est juste. Il n’est pas alarmiste. L’explosion des cancers est un dommage collatéral du mode de vie occidental". Un avis partagé par Françoise Clavel-Chapelon, chercheuse en épidémiologie à l’Inserm. "J’ai trouvé très bien ce qu’il dit sur l’effet des substances chimiques. André Cicolella est un lanceur d’alerte. Etre exposé très jeune aux perturbateurs endocriniens et à la pollution peut favoriser l’apparition d’un cancer du sein. Peu d’études, malheureusement, ont été conduites sur le sujet".
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