La fondation OSF, dirigée par le fils de George Soros, retire ses activités de l’Europe et annonce le licenciement de 40% de ses employés
ONG - L’organisation caritative Open Society Foundations (OSF), fondée par le milliardaire George Soros, retire la majeure partie de ses activités d’Europe. Dirigée depuis le mois de juin dernier par son fils Alexander, OSF a annoncé une "nouvelle orientation stratégique" pour "se concentrer sur d’autres parties du monde". La décision sera accompagnée par le licenciement de 40% du personnel mondial de cette fondation. Si cela suscite la préoccupation de nombreuses Organisation non gouvernementales (ONG) des droits humains, certains ne manquent pas de s’en réjouir.
George Soros, de son vrai nom György Schwartz, d'origine hongroise et de confession juive, émigre aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale pour y devenir entrepreneur, trader et financier.
En 1992, grâce à une audacieuse prise de position sur une vente à découvert contre la livre sterling, il devient multi-milliardaire. Il peut alors donner un nouvel essor à l'Open Society Foundations, un ensemble de fondations à caractère philanthropique qu'il a créé dès 1979.
Cette organisation a pour but premier de mener la lutte contre les discriminations, de défendre les droits des minorités et le droit à l'éducation. Mais au sens large, le projet de Soros est de soutenir le concept de "société ouverte" chère au philosophe Karl Popper. Il s'agit d'octroyer un soutien financier international pour le développement dans le monde de la liberté individuelle, de l'État de droit et de la démocratie, du pluralisme et du libéralisme.
Au cours des trois dernières décennies, OSF a dépensé plus de 19 milliards de dollars au profit de programmes en faveur d’organisations liées à la protection des droits humains, par exemple de la minorité rom ou des migrants. Par ailleurs, George Soros, qui est devenu au début des années 2000 l'une des plus grandes fortunes américaines, a été l'un des principaux donateurs du parti démocrate américain et d'autres associations politiques en relation.
Jusqu’à 2021, OSF emploie près de 800 personnes à travers plus 20 pays. En juin 2023, George Soros, par ailleurs contributeur régulier du tant critiqué Forum Économique mondial (World Economic Forum, WEF), a cédé le contrôle de la fondation de 25 milliards de dollars à son fils, Alexander.
Âgé de 37 ans, ce dernier a été élu en décembre 2022 à la tête du conseil d'administration, réduit à un cercle étroit dominé par les membres de la famille Soros. La nouvelle direction se charge de la mise en œuvre d’un "profond changement structurel" déjà prévu par Soros père. La décision de mettre fin à une grande partie des activités d’OSF au sein de l’Union Européenne (UE) est la première annonce du fils du milliardaire.
Licenciement de 40% des employés
Dans un email relayé le 15 août dernier par Reuters, OSF a justifié cette première décision. "La nouvelle orientation stratégique approuvée prévoit le retrait et l'arrêt d'une grande partie de notre travail actuel au sein de l'Union européenne, déplaçant notre présence et l'allocation des ressources vers d'autres parties du monde", est-il écrit dans l’email.
Ce retrait est un choix "tourné vers l’avenir, ancré dans les opportunités futures d’avoir un impact significatif". Autre point évoqué par l’email : la concurrence des institutions et des gouvernements de l'UE qui "dépensent des sommes conséquentes dans des programmes de promotion des droits de l'homme, de la liberté et de la diversité".
Est-ce la fin des subventions de Soros en Europe ? Pas selon le même email, ni le nouveau patron de la fondation. OSF "continuera à soutenir les groupes de la société civile à travers l'Europe, y compris ceux qui travaillent sur les affaires extérieures de l'UE tout en maintenant le soutien aux communautés roms européennes", rapporte Reuters. Dans un communiqué transmis à la même agence britannique, Alexander Soros explique que "l’OSF change sa façon de travailler, mais ma famille et [la fondation] restent fermement attachés au projet européen".
Que prévoit ce "changement stratégique" ? Peu de détails ont été dévoilés. Alex Soros a d’abord annoncé un licenciement de 40% de son personnel mondial. Le continent européen est le plus touché puisque 80% des 180 employés du siège social d’OSF à Berlin seront congédiés. Idem pour les bureaux de Bruxelles ainsi que la succursale de Barcelone, qui sera fermée. En Europe de l’est, seules 3 sur les 7 succursales présentes seront maintenues. Il s’agit de celles du Kirghizistan, de l'Ukraine et de la Moldavie.
Cette "structuration stratégique" n’est saluée ni par les organisations non-gouvernementales (ONG) ni par les observateurs de la scène politique européenne, signe qu'elle n'est guère appreciée.
Soros, persona non grata
L’annonce de ce "changement" par Alexander intervient également au moment où les partis de droite gagnent du terrain en Europe, notamment dans les pays de l’Est comme la Pologne. Alberto Alemanno, avocat italien et ancien Young Global Leader du WEF, estime que la "décision de l’OSF de supprimer ses initiatives basées sur l’Union européenne ne pouvait pas tomber à un pire moment pour l’institution et sa société civile".
Si les financements de la fondation Soros venaient à diminuer, estime-t-il, ils laisseront "un vide qui pourrait bientôt être comblé par les philanthropes conservateurs de droite, notamment en Pologne et en Italie".
The decision by the Open Society Foundation to cut its European Union-based initiatives couldn’t come at worse time for the EU & its civil society. As such, it is set to generate many unintended consequences.
— Alberto Alemanno (@alemannoEU) August 16, 2023
Here's a 🧵#Soros #OSF #philanthropy https://t.co/k2Fcl8pjif
En Hongrie, George Soros, dont il est originaire, l’OSF n’est plus la bienvenue depuis 2018, année à laquelle la succursale de Budapest a été transférée à Berlin sous la pression du Premier ministre, Viktor Orbàn. Ce dernier a maintes fois critiqué son "premier opposant", le considérant comme une "très influente figure de l'ombre" qui cherche à compromettre, à travers ses soutiens aux migrants, la politique du parti de droite Fidesz.
Le conseiller politique du Premier ministre hongrois, Balázs Orbán (sans lien de parenté), a d’ailleurs réagi dans un post X (ex-Twitter) à l’annonce d’OSF. Qualifiant cette fondation "d’empire Soros", il a surtout exprimé son souhait de voir la fondation retirer toutes ses activités de l’UE. "Nous ne croirons vraiment que les troupes d'occupation ont quitté le continent que lorsque le dernier soldat Soros aura quitté l'Europe et la Hongrie", a-t-il déclaré.
We've heard the news about the Soros empire.
— Balázs Orbán (@BalazsOrban_HU) August 14, 2023
When it comes to such matters, we Hungarians have our historical insights: We only truly believe that the occupying troops are leaving the continent when the last Soros soldier has left Europe and Hungary.
Yet, we remain a long…
En Europe centrale, George Soros a été accusé "d’ingérence" à travers OSF par de nombreux gouvernements. Il a lui-même révélé que sa fondation a joué un "rôle important" entre 2013 et 2014 dans les événements d’Euromaïdan, manifestations pro-européennes en Ukraine, hostiles à l’ex-président Viktor Ianoukovytch. Le milliardaire est tout aussi critiqué par la droite aux États-Unis, qui l’accuse de financer une politique libérale en matière de mœurs et d’avoir même financé les émeutes de grande ampleur qui ont lieu après le meurtre de George Floyd en 2020.
Affirmant dans une interview au Wall Street Journal qu’il partage "les valeurs de son père", Alexander Soros s’est dit "plus politique". Le lobbyisme mené jusque-là par George Soros était-il un point de discorde avec son fils ? La restructuration de la fondation OSF, considérée comme "de plus en plus bureaucratique", devrait en tout cas permettre à son nouveau patron d’élargir les actions de la fondation auprès des politiques, notamment sur les questions d’avortement et l’égalité des sexes. "Même si j'aime retirer de l'argent de la politique, tant que l'autre camp le fera, nous devrons le faire aussi", a-t-il affirmé.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.