Accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir : vers une réforme de la règle ?
C'est une règle de conjugaison qui a traumatisé et traumatise encore de nombreux élèves. Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir ne s'accorde pas avec le sujet mais avec le complément d'objet direct lorsque celui-ci est placé avant.
Le sacro-saint Bescherelle lui-même y voit la règle la plus "artificielle" de la langue française. Et certains semblent être du même avis au point de demander une réforme. La fédération de Wallonie-Bruxelles envisage en tout cas de franchir le pas et invite les autres pays francophones à suivre son exemple.
Dans Libération deux professeurs belges ont ainsi publié une tribune afin que la règle soit désormais que le participe passé ne s'accorde jamais lorsqu'il est utilisé avec l'auxiliaire avoir. Ils dénoncent une origine de cette pratique liée simplement aux difficultés pour les moines copistes de savoir à l'avance avec quoi ils devaient accorder leur participe passé, mais aussi une perte de temps pour les élèves.
Voir: Education - le niveau en orthographe continue de baisser
"Le temps moyen consacré aux règles actuelles est de 80 heures, pour atteindre un niveau dont tout le monde se plaint. Il serait tellement plus riche de le consacrer à développer du vocabulaire, apprendre la syntaxe, goûter la littérature, comprendre la morphologie ou explorer l’étymologie, bref, à apprendre à nos enfants tout ce qui permet de maîtriser la langue plutôt qu’à faire retenir les parties les plus arbitraires de son code graphique", jugent-ils.
Ils rappellent que le Conseil de la langue française et de la politique linguistique de la Fédération Wallonie-Bruxelles (CLFPL) et du Conseil international de la langue française (Cilf, association reconnue d'utilité publique) sont du même avis.
Une telle réforme ne devrait cependant pas se faire sans un débat virulent. Les projets visant à simplifier l'orthographe provoquent presque systématiquement des levées de bouclier, sous la critique notamment d'un nivellement par le bas.
Déjà en 2016, la mise en place d'une série de simplifications -dont l'origine remontait pourtant à 1990- avait fait largement polémique, au point d'être abandonnée.
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