Aux États-Unis, Amazon fournit les données de ses caméras connectées à la police
Dans son dernier rapport sur la transparence, Amazon a admis fournir à la police des enregistrements provenant de ses caméras et sonnettes connectées "Ring", à l'insu de leurs propriétaires.
Deux fois plus de demandes légales de séquences vidéo
Les caméras de surveillance connectées sont très populaires depuis quelques années. Alors que Google propose sa "Nest Cam", Amazon propose aussi sa caméra de sécurité, appelée "Ring". Mais ces appareils ne sont pas sans risques.
Tout d’abord, ces caméras sont susceptibles d'être détournées par des malfaiteurs, pour savoir quand les occupants d’une maison sont chez eux ou absents. Mais ça n’est pas tout. "Ring", le fabricant de sonnettes vidéo et de caméras de sécurité connectées à Internet d’Amazon, a déclaré qu'il avait remis un nombre record de séquences de sonnettes et d'autres informations aux autorités américaines pendant l’année 2021. Cela correspondrait à 3 147 demandes légales, soit une augmentation d'environ 65 % par rapport à l'année 2020. Le gouvernement américain utilise donc les caméras des particuliers pour collecter des informations stratégiques captées par ces outils de surveillance, sans informer les propriétaires des appareils. La plupart des demandes légales traitées (plus de 85%) répondent à des mandats de perquisition délivrés par un tribunal. À ces demandes, Ring dit avoir donné réponse à environ quatre demandes sur dix au cours de l'année.
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Le droit de "se réunir, déplacer, et converser sans être suivi"
"Ring" a déclaré avoir informé 648 utilisateurs que leurs données avaient été demandées par les forces de l'ordre. Selon la société, les utilisateurs sont informés avant que leurs données — le nom, l'adresse, l'adresse e-mail et les informations de facturation — soient transmises, sauf si cela est interdit par une ordonnance de confidentialité.
Dans une lettre adressée à la société le mois dernier, le sénateur Ed Markey a déclaré que "Ring" capturait "des quantités importantes d'audio sur des propriétés privées et publiques adjacentes aux habitations avec des sonnettes Ring", mettant ainsi en danger le droit de "se réunir, déplacer, et converser sans être suivi". Certains services de police auraient même contourné les processus officiels de "Ring" pour accéder aux enregistrements des utilisateurs.
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En réponse, Brian Huseman, vice-président d’Amazon, a justifié dans une lettre avoir partagé des images des utilisateurs sans leur consentement, seulement après avoir "déterminé de bonne foi qu'il existait un danger imminent de mort ou de blessure physique grave pour une personne nécessitant la divulgation d'informations sans délai". Comme indiqué dans les directives d'application de la loi de "Ring", "Ring se réserve le droit de répondre immédiatement aux demandes d'informations urgentes des forces de l'ordre dans les cas impliquant un danger imminent de mort ou de blessure physique grave pour toute personne." Comme l’indique le site Politico, Amazon a actuellement des accords pour permettre à 2 161 services de police à travers le pays d'utiliser une application appelée Neighbors, grâce à laquelle les utilisateurs publient des images de la caméra "Ring" et laissent des commentaires. La police peut utiliser l'application pour envoyer des alertes et demander des vidéos.
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