La 54e édition du World Economic Forum s’est ouverte à Davos
MONDE - Le Forum économique mondial (WEF) s’est ouvert lundi 15 janvier 2024 à Davos en Suisse. Durant toute la semaine, plus de 800 chefs d’entreprises et 60 chefs d’États ou de gouvernements prendront part à des conférences ainsi qu’à des rencontres informelles. “Rétablir la confiance” est la principale thématique de cette 54e édition, qui entend “rétablir une capacité d’action collective et renforcer les principes fondamentaux de transparence, de cohérence et de responsabilité qui incombent aux dirigeants”. De son côté, l’ONG Oxfam a publié, lundi 15 janvier, un rapport baptisé “Multinationales et inégalités multiples". On y apprend que la fortune des cinq hommes les plus riches du monde est passée, entre 2020 et 2023, de 405 à 869 milliards de dollars. Oxfam dénonce les “inégalités” entretenues par “la guerre fiscale” menée par les entreprises et leurs riches propriétaires. Le rapport d'Oxfam et la réunion annuelle du WEF interviennent deux semaines après l’entrée en vigueur, le 1er janvier, de l’impôt minimal mondial de 15 % sur les sociétés, principe défendu par l’OCDE et considéré comme “un premier pas pour lutter contre la concurrence fiscale déloyale” entre États.
La nouvelle édition de Davos s’est ouverte sous tension lundi 15 janvier. La veille, 350 activistes s’étaient réunis pour exiger la fin du WEF. Chaque année, des rassemblements s’organisent près de la station de ski et les autorités suisses ont, cette année, mobilisé 5 000 de leurs militaires pour assurer la sécurité de cet événement si décrié.
Les milliardaires de plus en plus riches, au détriment des travailleurs
Si les manifestants réclament “la justice climatique”, le WEF, qui a consacré son précédent ordre du jour à ce sujet avec un lot de déclarations farfelues, a sélectionné pour la nouvelle édition la thématique du “rétablissement de la confiance”. Selon le site officiel de l’organisation dirigée par Klaus Schwab, cette nouvelle "réunion a pour but de rétablir une capacité d'action collective et de renforcer les principes fondamentaux de transparence, de cohérence et de responsabilité qui incombent aux dirigeants”. Le WEF évoque un "retour aux bases", c'est-à-dire “un dialogue ouvert et constructif entre les dirigeants gouvernementaux, les représentants du monde des affaires et de la société civile”.
Plus de 800 chefs d'entreprises et 60 chefs d'Etat et de gouvernements sont attendus, parmi lesquels le président français Emmanuel Macron. Le chef de l’État, lui-même Young Global Leader, tout comme son nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, sera accompagné, dans les montagnes suisses, par des dizaines de figures de la French Tech, dont les dirigeants de trois champions français de l'intelligence artificielle (Mistral AI, Dust et Giskard). Le chef de l’Etat espère présenter le bilan de sa politique “d’attractivité et de réindustrialisation” et partager ses objectifs en matière de politique économique et sociale.
Des milliardaires seront également présents pour participer aux rencontres, formelles ou informelles, organisées avec des dirigeants politiques. Ces riches propriétaires de multinationales sont la cible du nouveau rapport d’Oxfam. Leur fortune aurait, selon l'ONG, augmenté de 3 300 milliards de dollars entre 2020 et 2023, tandis que, dans le même temps, le patrimoine et les revenus cumulés de près de cinq milliards de personnes à travers le monde ont reculé. L'augmentation de la fortune des plus riches est, selon Oxfam, due à “la pression sur les travailleurs et les travailleuses, dont les salaires augmentent moins vite que l'inflation”. Autre raison expliquée par l'ONG : le fait “d'éviter l'impôt, de privatiser l'État et de participer grandement au réchauffement climatique”.
Entre 2020 et 2023, la richesse cumulée de 90 % des Français a baissé
"Les entreprises et leurs riches propriétaires entretiennent également les inégalités en menant une guerre fiscale soutenue et très efficace", lit-on également dans son rapport. "Partout dans le monde, les membres du secteur privé n'ont eu de cesse de réclamer des taux plus bas, davantage d'échappatoires, moins de transparence et d'autres mesures visant à permettre aux entreprises de contribuer le moins possible aux caisses de l'État".
La France est aussi concernée par le rapport de l’ONG qui souligne que les milliardaires hexagonaux les plus riches (Arnault, Bettencourt-Meyers, Wertheimer...) ont vu leur fortune augmenter de 87 % depuis 2020. Dans le même temps, la richesse cumulée de 90 % des Français a baissé...
Milliardaires américains, français ou d'autres nationalités, toutes les grandes fortunes mondiales ont bénéficié d'une hausse des cours boursiers et de leur participation au capital de multinationales.
Oxfam exige ainsi le “démantèlement des monopoles privés” et le “plafonnement de la rémunération” des PDG, en plus de la mise en place d’un impôt sur la fortune des multimillionnaires et des milliardaires, qui pourrait, a priori, rapporter jusqu'à 1 800 milliards de dollars par an...
Cette revendication rappelle justement l’entrée en vigueur, le 1e janvier 2024, de l’impôt minimal mondial de 15 % sur les sociétés défendu par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement), dont les pays membres ont, depuis 1980, divisé par plus de deux l’impôt sur les sociétés, selon Oxfam.
Trump ou gouvernance mondiale ?
De nombreux Etats, dont ceux de l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon, le Canada et l’Australie, tout comme le Luxembourg et la Suisse, longtemps considérés comme des paradis fiscaux, appliquent désormais un taux d’imposition minimal mondial de 15 % sur les sociétés. Cette mesure fait suite à un accord conclu en 2021 entre près de 140 pays, dans le cadre de la vaste réforme du système fiscal mondial menée par l’OCDE, avec la fin des pratiques d’optimisation fiscale agressive de certaines multinationales.
Doit-on rappeler à nos lecteurs que le WEF a été fondé par Klaus Schwab - qui préside toujours à ses destinées après un demi-siècle d’existence du forum - auteur du très controversé Great Reset. Très influente, l’organisation dicte, de manière directe ou indirecte, les trajectoires sociales et économiques du monde. A travers son lobbying et ses organisations affiliées comme les Young Global Leaders, le WEF ne cache pas son souhait de voir s’instaurer une gouvernance mondiale au profit des entreprises privées, “dépositaires de la société”…
Pour l’écrivain et historien israélien, Yuval Noah Harari, conseiller du Forum économique mondial, il est “très vraisemblable que Donald Trump remporte les prochaines élections”. L’ex-président républicain s’est adjugé, lundi 15 janvier, une première victoire écrasante dans l’Iowa lors du premier scrutin des primaires républicaines. Selon Hariri, l’éventuelle arrivée de Trump à la Maison-Blanche, pour un second mandat, “portera le coup mortel porté à ce qui reste de l'ordre mondial” confronté à une “fausse dichotomie entre nationalisme et gouvernance mondiale”.
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