La Corée du Nord salue la victoire d'Emmanuel Macron, et le geste est loin d'être anecdotique

Sur la liste des félicitations adressées à Emmanuel Macron figure celle de la Corée du Nord. Si le message n'a rien d'original, que Pyongyang s'adresse à Paris est un geste doublé d'un sens diplomatique. Les relations entre les deux pays sont officiellement inexistantes mais la France est pourtant bien présente dans les tensions qui secouent l'Asie de l'Est.

Les félicitations internationales suite à l'élection d'Emmanuel Macron affluent. Et l'une d'entre elles étonne visiblement: celle de la Corée du Nord. Le régime de Pyongyang vient en effet de saluer le succès du candidat d'En Marche, qui est devenu dimanche le huitième président élu qui prendra place à l'Elysée.

C'est par la voix d'un communiqué de l'agence officielle KCNA (qui relaie la parole du régime) que le message a été transmis. La Corée du Nord espère que le nouveau président français rencontrera le succès dans sa nouvelle mission et qu'il réussira favorablement dans "son travail responsable en vue du développement et de la prospérité de la France". Le message est signé non pas du "grand soleil du XXIe siècle" Kim Jong-un, dirigeant du régime, mais de Kim Yong-nam, le chef d'Etat théorique du pays qui, âgé de 89 ans, occupe en réalité une fonction honorifique. Kim Jong-un, qui est dans les faits le vrai dirigeant, occupe officiellement la fonction de président du Parti du travail de Corée et de la "Commission des affaires de l'Etat" mais n'est pas le "président" du pays stricto sensu.

Ce message, s'il peut sembler anecdotique, n'est pourtant pas aussi anodin qu'il y paraît. La France est en effet le seul pays de l'Union européenne (avec l'Estonie) à ne pas reconnaître la Corée du Nord et donc à ne pas avoir de relations diplomatiques officielles dans le pays (bien qu'un "bureau de coopération" existe). Les salutations de Pyongyang pourraient représenter un geste emprunt d'un sens "diplomatique" qui laisserait entendre une volonté de rapprochement entre les deux Etats.

De plus, Emmanuel Macron arrive comme chef des armées alors que les forces françaises sont justement présentes, via la "mission Jeanne d'Arc", non loin de la péninsule coréenne pour des exercices militaires jusqu'au 22 mai avec les forces armées japonaises, dans un contexte particulièrement tendu entre Tokyo, Pyongyang, Séoul et Washington. Les félicitations sonnent donc comme une manière de rappeler, avec la courtoisie diplomatique de rigueur, ce dossier sur lequel Emmanuel Macron –et son futur ministre de la Défense– devront se positionner.