Le chef de la diplomatie chinoise en visite aux Etats-Unis pour “maintenir le dialogue”. Moyen-Orient et rapprochement sino-russe au menu des discussions
MONDE - Les États-Unis et la Chine, rivaux de toujours, se dirigent-ils vers un réchauffement de leurs relations ? Une vingtaine de jours après la visite d’une délégation de sénateurs américains à Pékin, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, entamera jeudi 26 octobre 2023 une visite à Washington, où il sera reçu par le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. Ce déplacement, pouvant servir à préparer une visite de Xi Jinping aux USA en novembre, s’inscrit dans le sillage des multiples contacts menés ces derniers mois entre les deux parties pour “gérer de façon responsable” les tensions liées à de nombreuses questions, comme Taïwan, le rapprochement sino-russe, l’influence chinoise au Moyen-Orient ou encore la concurrence économique, technologique et militaire entre les deux puissances.
En février, le secrétaire d'État américain aux Affaires étrangères reportait sa visite en Chine, qui devait servir à poursuivre l’apaisement amorcé fin 2022 à Bali (Indonésie) par une rencontre entre Xi Jinping et Joe Biden. Mais la détection d’un ballon espion chinois dans l’espace aérien des États-Unis venait de provoquer une énième crise diplomatique entre Pékin et Washington. Antony Blinken ne se rendra en Chine qu’en juin, pour “stabiliser” les relations bilatérales. “Mon espoir et mes attentes sont que nous aurons de meilleures communications, un meilleur engagement à l'avenir”, a-t-il déclaré après sa rencontre avec le président Xi Jinping, qui a exprimé le souhait de son pays de ”voir une relation sino-américaine saine et stable”.
En octobre, c’est une délégation de sénateurs américains qui s’est rendue à Pékin pour appeler à “gérer nos relations de façon responsable”. Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi, espérait que cette visite aiderait les Etats-Unis à mieux comprendre la Chine et “à considérer les relations sino-américaines avec plus d'objectivité”.
Contenir l’influence chinoise au Moyen-Orient ?
Le voici à son tour invité à effectuer une visite de deux jours à Washington, toujours dans le cadre “des multiples contacts” visant à apaiser les tensions entre les deux puissances. Le ministre chinois des Affaires étrangères rencontrera jeudi 26 octobre son homologue américain pour “poursuivre [leurs] efforts visant à maintenir des canaux de communication ouverts” et “gérer notre compétition de façon responsable”.
Si le département d’État ou la Maison-Blanche n’ont divulgué aucune information sur le programme de la visite de Wang Yi ni sur une éventuelle rencontre avec Joe Biden, ce déplacement pourrait servir à préparer la venue de Xi Jinping, attendu en novembre en marge du prochain sommet des pays de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) à San Francisco, en Californie.
Ces efforts, visant à “maintenir un dialogue” et “apaiser les tensions”, ne sont pas de tout repos, tant celles-ci se sont intensifiées ces derniers mois. Les questions sur lesquelles les États-Unis et la Chine divergent sont multiples et tout semble opposer Pékin à Washington. “Il est naturel que deux grandes puissances se retrouvent en concurrence dans des domaines comme le commerce, la technologie et la diplomatie entre autres”, justifiait un sénateur américain lors de sa visite début octobre.
Au programme, sans doute : la situation au Moyen-Orient et l’influence chinoise dans la région, le rapprochement sino-russe, la question taïwanaise et les relations “technico-commerciales”, génératrices de multiples sanctions de la part des deux pays.
La semaine dernière, Pékin a critiqué la décision des États-Unis de bloquer une résolution de l’ONU, proposée par le Brésil, appelant à une “pause humanitaire” dans la bande de Gaza. A ce propos, l’administration Biden entend “inciter” la Chine à adopter “une approche plus constructive” dans la région, où elle étend son influence. Après avoir réussi un coup d’éclat en tant que médiateur en facilitant le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran, Pékin a exprimé son souhait de jouer un rôle diplomatique dans le conflit Israël-Hamas en soutenant “l'octroi au peuple palestinien de ses droits légitimes et la réorientation de la question palestinienne vers la voie d'une solution pacifique”.
Taïwan, la Russie et les sanctions
Autre point de discorde : le rapprochement entre Pékin et Moscou, objet de sanctions internationales depuis l'invasion de l’Ukraine. Vladimir Poutine était en visite en Chine à la mi-octobre pour y rencontrer le président Xi Jinping. Les deux chefs d’Etat plaident, on le sait, pour un monde multipolaire opposé à l’hégémonie occidentale, particulièrement américaine. Le chef du Kremlin avait qualifié son homologue de “partenaire solide, calme, efficace et fiable”. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les deux pays ont resserré leurs liens, notamment commerciaux, de plus en plus cruciaux pour la Russie qui atténue grâce à eux l’impact des sanctions économiques occidentales.
La Chine reproche aux États-Unis son rapprochement avec des pays asiatiques, qu’elle considère comme une volonté nette de “l’endiguer” et de “l’encercler”.
La question taïwanaise est également objet de tensions entre les deux puissances. Pékin affirme être le seul gouvernement légitime de la Chine et revendique tous les territoires administrés par Taïwan, officiellement appelée la “République de Chine”. L’île ne siège d’ailleurs pas aux Nations unies, remplacée depuis 1971 par Pékin suite à sa reconnaissance. La Chine multiplie, à travers des intrusions aériennes et maritimes, la pression sur Taïwan qui mise sur un soutien sans précédent de Washington, y compris sur le plan militaire.
A ces questions, s’ajoutent les rivalités directes, notamment sur le plan commercial, économique et technologique. Depuis son arrivée aux affaires, l’administration Biden a multiplié les sanctions contre son rival. Une de ses premières mesures interdisait aux Américains d’investir dans les actions de sociétés chinoises de défense et de surveillance. En août, le président Joe Biden a publié un décret restreignant certains investissements dans les secteurs chinois de l’informatique quantique, des semi-conducteurs avancés et de l’intelligence artificielle.
En réaction aux multiples vagues de sanctions américaines, la Chine a imposé des restrictions sur les exportations de deux métaux (gallium et germanium), dont elle est le principal producteur mondial et qui sont indispensables pour la fabrication de semi-conducteurs.
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