Tabac : quels sont les intérêts d'un paquet de cigarette à 13 euros ?
Pas sûr que les 16 millions de fumeurs français voient d'un très bon œil le passage du prix du paquet à 13 euros, proposé par le cabinet de recherches et d'expertises économiques Microeconomix.
Selon une étude publiée par deux économistes du cabinet, se basant sur les chiffres de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), pour que le tabagisme ne coûte plus rien à la collectivité –c'est-à-dire pour que les sommes récupérées sur les ventes correspondent aux coûts engendrés par les problèmes de santé inhérents au tabagisme–, le paquet devrait coûter… 13,07 euros. L'étude souhaite donc voir être appliquée la mesure de "pollueur-payeur" aux fumeurs.
Les dépenses de santé publique liées aux problèmes du tabac sont en effet estimées à 47,7 milliards d’euros par an (santé, campagnes de prévention, pertes de revenus et de production). Alors que les bénéficies de la vente de tabac rapportent 20,2 milliards d'euros aux caisses de l'Etat.
Pour Microeconomix, fixer le prix du paquet en fonction du coût social aurait plusieurs vertus. D'abord, responsabiliser les fumeurs pour qu'ils prennent conscience du coût qu'ils imposent à la société. Ensuite, il permettrait aux pouvoirs publics de fixer un "juste" prix, non contestable, car les différentes hausses du prix des cigarettes de ces dernières années (entre 2000 et 2012, le prix du paquet de cigarettes est passé, en moyenne, de 3,20 euros à 6,60 euros, soit une hausse de 106%) ne sont le fait que de volontés politiques.
La baisse de la consommation est plus sensible parmi les jeunes, dont le pouvoir d’achat est moindre, et également parmi les personnes issues de catégories socioprofessionnelles défavorisées, pour lesquelles l’argument du prix est déterminant dans les comportements d’arrêt (et de maintien de l’arrêt). Une augmemtnetation importante telle que le préconise Microeconomix pourrait avoir des effets bénéfiques sur la lutte contre le tabagisme.
En tout cas, cette étude ne devrait pas faire plaisir à la Confédération des buralistes de France qui se tient vent debout devant toute augmentation du prix du tabac, expliquant que cela n'empêchera pas les gens de fumer mais que cela renforcerait un marché parallèle déjà florissant. En effet, une cigarette sur quatre vendues en France l'est déjà au marché noir. La Confédération des buralistes de France estime que les hausses des prix du tabac conjuguées à l’achat de cigarettes sur les marchés parallèles ont déjà entraîné la fermeture de 722 bureaux de tabac en 2013, ce qui représente près de 2.000 emplois.
Le Comité national contre le tabagisme estime pour sa part "qu'une hausse des prix du tabac permet de réduire la consommation sur le plan national mais qu'elle doit, pour être efficace, être importante et récurrente, c'est à dire répétée chaque année".
Le prix du tabac n'a donc pas fini de s'inviter dans le débat public.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.