"Everybody Knows" : Penélope Cruz et Javier Bardem, un passé pas si simple (critique)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 09 mai 2018 - 14:38
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Film Everybody Knows Penelope Cruz Javier Bardem
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©Teresa Isasi/Memento Films
Penélope Cruz et Javier Bardem, réunis à l'écran pour la neuvième fois.
©Teresa Isasi/Memento Films
Penélope Cruz et Javier Bardem sont les têtes d'affiche du thriller familial "Everybody Knows", tourné en Espagne par le réalisateur iranien Asghar Farhadi. Le film sort ce mercredi sur les écrans, au lendemain de sa présentation en compétition en ouverture du Festival de Cannes.

Le film est tourné en espagnol par un réalisateur iranien mais a un titre anglais: Everybody Knows. Ce thriller psychologique d'Asghar Farhadi, avec à l'affiche le couple vedette Penélope Cruz-Javier Bardem, sort sur les écrans ce mercredi 9 après avoir ouvert mardi soir, en compétition, le 71e Festival de Cannes.

A l’occasion du mariage d'une de ses soeurs, Laura (Penélope Cruz), qui vit en Argentine, revient avec sa fille de 16 ans et son fils de 5 ans dans son village natal au cœur d’un vignoble espagnol. Elle a traversé des épreuves dans son existence, et vit avec un secret.

Ce secret, enfoui dans le passé, va ressurgir à l'occasion d'un événement dramatique: pendant la fête du mariage, sa fille disparaît, enlevée par des inconnus qui réclament une rançon de 300.000 euros et menacent de la tuer si la police est prévenue. Laura va devoir affronter l'angoisse de cette disparition, aidée par son mari (Ricardo Darin), venu d'urgence d'Argentine, mais aussi par Paco (Javier Bardem), un viticulteur qui fut jadis son amant et à qui elle avait vendu ses terres à bas prix avant de quitter le village.

Mais "ce n'est pas un inconnu qui a fait le coup", dit-on au village, où les rancoeurs du passé remontent à la surface et où tout le monde se connaît. Et où –Everybody Knows­– tout le monde connaît le passé entre Laura et Paco. Mais peut-être pas tout…

C'est le deuxième film qu'Asghar Farhadi, 45 ans, tourne à l'étranger, après Le passé, tourné en français et qui valut à Bérénice Bejo le Prix d'interprétation à Cannes en 2013. Le réalisateur iranien s'était fait connaître des spectateurs du monde entier en 2011 pour son cinquième film, Une séparation, Oscar du meilleur film étranger, récompense qu'il obtint également l'an dernier pour Le client, deux films scrutant les relations de couple et les problèmes familiaux dans la société iranienne actuelle.

Ici ce n'est pas en Iran qu'il tire la sève de son histoire et de ses personnages, c'est dans une petite bourgade espagnole. Mais les thèmes sont les mêmes que ceux de ses précédents films: secrets familiaux, poids des non-dit, vieilles rancoeurs et culpabilité, passé qui remonte à la surface, histoires d'argent, le tout baigné ici dans une atmosphère de suspense beaucoup plus forte qu'habituellement. C'est vraiment un thriller psychologique, au scénario haletant déroulé par une réalisation parfaitement huilée. La fête de mariage filmée d'un drone ou au plus près des corps et des visages, une panne d'électricité et un orage, l'intérieur du clocher ou une pièce sombre à la lumière du téléphone portable de Penélope Cruz, le vent dans les vignes: la caméra bouge avec virtuosité, mais on est plus impressionné par les scènes de dialogues entre les personnages, par quelques échanges de regards silencieux, par cette superbe dernière scène…

"Ce que je cherche toujours lors de l’écriture et de la réalisation d'un film, et qui domine dans mon esprit, se résume en un mot: la sympathie", dit le réalisateur. "Je ne compte pas transmettre nécessairement un message au travers de mes films. Si des spectateurs de n’importe quels lieux du monde, de n'importe quelles cultures et langues, aux caractères très divers, parviennent à éprouver de la sympathie pour mes personnages sans pour autant les connaître, s'ils peuvent s'imaginer à la place de l’un d’entre eux, j’aurai atteint mon objectif. C’est ce que je mets toujours le plus en avant à chaque film, ce dont j’ai besoin moi-même et dont le monde d’aujourd’hui a besoin: cette sympathie envers les hommes par-delà les frontières et les cultures…"

Lire aussi – Festival de Cannes 2018: les 10 stars les plus attendues sur la Croisette

La sympathie du spectateur se dirige a priori vers Penélope Cruz et Javier Bardem: le film est bien sûr porté par ses deux acteurs principaux, en couple à la ville et qui jouent ensemble pour la neuvième fois depuis Jambon, jambon en 1992 et sont encore à l'affiche d'Escobar, sorti sur les écrans français le 18 avril. Mais l'histoire de ce couple, dans le film, n'est pas si simple…

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