Daniel Balavoine en cinq chansons (VIDEOS)
Le 14 janvier 1986, la France apprenait avec stupéfaction la disparition du chanteur Daniel Balavoine dans la fleur de l'âge (33 ans) dans un crash d'hélicoptère dans le désert du Mali alors qu'il participait à une campagne humanitaire organisée en marge du rallye Paris-Dakar. Trente ans plus tard, le souvenir de ce chanteur engagé fait encore partie intégrante de l'imaginaire collectif français et ses chansons continuent de passer sur les ondes, reprises en choeur par toutes les générations confondues. Retour sur cinq de ses plus grands morceaux.
> Le Chanteur, 1978
Chanson phare de l'album du même nom écoulé à 800.000 exemplaires, Le Chanteur révèle Balavoine au grand public, ses précédents titres n'ayant connu qu'un succès modéré. Au fil de ce morceau, le jeune homme, alors âgé de 26 ans, fantasme les étapes de la vie et de la carrière d'un chanteur. Ce dernier prononce d'abord son souhait: celui de "réussir (sa) vie, être aimé". Puis, à grâce à une "chanson dans le vent", il devient une idole "pour les anciennes de l'école". Il monte, monte, monte tel une étoile jusqu'à la déchéance ultime: il vieillit, se ringardise, refuse de quitter la scène, ses "yeux puent l'alcool", on salit "(son) passé". Et de conclure: "J'veux mourir malheureux pour ne rien regretter, j'veux mourir malheureux".
> Mon fils ma bataille, 1980
Extraite de l'album Un autre monde, cette chanson rencontre un énorme succès commercial, atteignant la troisième place du hit-parade en France et s'écoulant à plus de 540.000 exemplaires. Ici, Balavoine, inspiré par le divorce de son guitariste Colin Swinburn, évoque un divorce douloureux et la lutte d'un père pour conserver la garde de son enfant. "Les juges et les lois / Ça m'fait pas peur / C'est mon fils ma bataille /Fallait pas qu'elle s'en aille (...) J'vais tout casser / Si vous touchez / Au fruit de mes entrailles / Fallait pas qu'elle s'en aille", chante-il à une époque où les droits des pères sont encore très peu évoqués, donnant encore un peu plus l'image d'un chanteur engagé. Aujourd'hui, trente-six ans plus tard, traversant les époques, Mon fils ma bataille est la chanson de Balavoine préférée des Français. Selon un sondage YouGov réalisé par BFM, ce titre recueille 43% des suffrages parmi les 25 morceaux proposés.
> Je ne suis pas un héros, 1980
A l'origine, Je ne suis pas un héros est écrite pour Johnny Halliday qui l'enregistre sur son album A partir de maintenant paru en 1980. Déçu du manque d'impact rencontré, Balavoine la reprend ensuite à son compte sur l'album Un autre monde. "Je pensais vraiment que ce serait la chanson numéro un d'Hallyday cette année car personne n'avait jamais fait ça avec lui avant. Ce que j'aurais aimé, c'est réaliser la chanson avec Johnny, faire les claviers. Enfin, j'espère que ce n'est pas terminé et qu'on retravaillera ensemble. C'est pour cela que j'ai chanté cette chanson un peu comme j'aurais aimé que Johnny la chante. Je lui dédie d'ailleurs cette chanson", explique-t-il à la presse. Contrairement à celle de Johnny, sa version rencontre un franc succès, sonnant comme une tentative désespérée de se détacher de l'image de chanteur engagé qui lui "colle à la peau". En 1990, quatre ans après la tragique disparition de son ami, Johnny Hallyday lui dédie le morceau sur la scène de Bercy.
> L'Aziza, 1985
Avec L'Aziza, ("la chose la plus chère" en arabe) écrite et composée pour son album Sauver l'amour, Balavoine rend hommage à son épouse Corine, d'origine juive marocaine. A cette époque, le Front national monte en puissance dans la vie politique française, ce qui indigne et inquiète énormément le chanteur, alors âgé de 33 ans. Il décide donc de résister à sa manière. Chantant "l'Aziza ton étoile jaune c'est ta peau Tu n'as pas le choix Ne la porte pas comme on porte un fardeau Ta force c'est ton droit", Balavoine prend le contre-pied de nombreuses associations dont il est pourtant proche en refusant de stigmatiser ses ennemis. "Moi, je ne suis pas contre Le Pen. Moi, je suis pour les Arabes", explique-t-il à L'Express. "Ce qui me gêne dans SOS Racisme, c'est de chercher à faire croire aux gens qu'on peut mélanger les races sans qu'il y ait le moindre problème. Or, ce qui fait la beauté des races, c'est leur différence. Il y a un énorme fossé entre les races, mais il faut apprendre à le franchir. J'aime les Arabes, ce sont des gens fantastiques qui ont souvent bien plus de dignité que ceux qui en parlent de manière assez écœurante", déclare-t-il également dans une interview à Paris Match. Quelques semaines après sa sortie, le single de L'Aziza entre au Top 50 à la quarantième place. Le 7 décembre, 1985, la chanson obtient le prix SOS Racisme, remis par Harlem Désir, lors de la Fête des Potes au Bourget. Puis, lorsque un mois et une semaine après Balavoine disparait dans un tragique accident d'hélicoptère, le single se propulse à la dixième place du Top 50. Quinze jours plus tard, il est à la première place où il restera pendant huit semaines consécutives. Il s'agit du premier single à être classé dans le Top à titre posthume.
> Tous les cris les SOS, 1985
Egalement incluse dans l'album Sauver l'amour, en 1985, Tous les cris les SOS évoque la souffrance engendrée par la solitude et la difficulté de se "raccrocher à la vie" malgré tout. "Difficile d'appeler au secours / Quand tant de drames nous oppressent / Et les larmes nouées de stress / Etouffent un peu plus les cris d'amour / De ceux qui sont dans la faiblesse / Et dans un dernier espoir / Disparaissent", chante Balavoine, reprenant la métaphore de la bouteille jetée à la mer dans son refrain. Outre ses envolées lyriques, ce morceau se caractérise par son innovation sonore. Dans l'intro, on peut entendre des échantillons de sifflement de trains, des idiophones (cloches, grelots) et des cascades de caisses en écho. Parue en face B du 45 tours de L'Aziza, Tous les cris les SOS obtient un succès similaire.
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