Un Richard Ferrand bis... bas de gamme ? Jean-Marc Zulesi
EDITO - « La valeur n'attend pas le nombre des années » (dit le proverbe), les valeurs, elles, certainement.
En Macronie, pour avoir du succès, il faut avant tout maitriser l’art de mentir publiquement, de tricher ouvertement et de mépriser avec cynisme et aplomb - alors même que l'on est pris en flagrant délit - la démocratie, le peuple, l'État de droit et les règles qui ont été adoptées pour garantir leur respect. Depuis Olivier Véran, champion toutes catégories, et Elisabeth Borne (Borne to be a liar et Borne a-t-elle le mensonge dans la peau), c’est Emmanuel 1er qui a repris la première place des fausses vérités et vrais mensonges, ne succombant à la tentation de soumettre son gouvernement au Défi de la Vérité. Telles sont les valeurs indéfectibles applicables aux membres de l'équipe, notamment aux ténors, en toutes circonstances. Il en va de la crédibilité de l'ensemble de l'édifice.
En effet, l'inversion des valeurs en toutes matières et à tous les niveaux, est le fondement essentiel du « Parce que c'est notre projet » de réduction de la France à peau de chagrin, avec une dette abyssale de plus de 3 100 milliards d’euros, en ce qui s’apparente en une destruction en règle de la France, de la Nation et de son histoire. Un cancer en phase terminale que le Président Macron essaie d'achever céans, en engageant la France dans un conflit militaire contre la Russie. Conflit pour lequel il se démène en homme esseulé depuis un mois sur la scène internationale. Heureusement pour lui le ridicule ne tue pas.
Du coup, mentir, tricher, mépriser et transgresser éhontément les règles, sont effectivement des valeurs que les membres de la Macronie doivent défendre bec et ongles, tous les jours et à chaque instant, pour pouvoir mener à bien ce projet funeste.
Et ceci est tout particulièrement le cas après chacune des interventions publiques du « guide ». Le « Führer », disaient naguère en Allemagne, des activistes qui avaient peu ou prou le même projet, s'agissant de sa finalité : mettre l'Europe des peuples à feu et à sang. Omettant les valeurs diplomatiques de la France, le courage de la Paix et l’Art du Compromis.
Toutefois, pour ce qui est de savoir se montrer digne des valeurs macroniennes « quoi qu'il en coûte », n'est pas Richard Ferrand qui veut. Prenons par exemple Jean-Marc Zulesi.
Il est né le 6 juin 1988, et a donc à peine 36 ans. Député « Renaissance » réélu en 2022, il est Président, à l'Assemblée nationale, de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, depuis le 30 juin 2022.
Et bien, devinez quoi ?
Récemment, le Président Zulesi a été pris en flagrant délit de mensonge et de tentative de tricherie, en pleine séance de sa commission. La grosse commission en l'occurrence, car il a beau avoir reçu l'aide de son directeur cabinet, il n'a pas réussi à se sortir de la bouse dans laquelle il s'est retrouvé. Une diarrhée publique… la scène ayant été filmée.
La macronie tente de truquer un vote. Les images sont incroyables. pic.twitter.com/v6yLeT0zin
— Duval Philippe (@p_duval) March 6, 2024
Mais voilà. J'insiste : n'est pas Richard Ferrand qui veut.
Quand pareille mésaventure était arrivée à Richard Ferrand, en 2021, alors Président de l'Assemblée nationale, en direct à la télévision, et non seulement en différé sur les réseaux sociaux.
Il avait demandé « Qui est pour ? », les députés présents à avoir levé la main furent très peu nombreux, et à l'inverse, ils furent très nombreux à le faire lorsqu'il demanda « Qui est contre ? », et Richard Ferrand de dire, sans trembler du menton : « Amendement adopté ! »
Du coup, un tollé des députés de l'opposition s'ensuivit. Qu'importe ! Richard Ferrand resta impassible.
Totalement sourd à leurs protestations véhémentes et pourtant légitimes, c'est d'un revers de la main, tel un bras d'honneur à la probité, qu'il écarta leur demande insistante, et pourtant légitime, qu'il soit procédé à un nouveau vote, ou, a minima, à une vérification du résultat du vote, grâce aux caméras de surveillance, celles-ci couvrant l'entièreté de l'hémicycle.
Niet ! Affaire suivante ! Et que ceux qui ne sont pas contents aillent se faire vacciner.
Il faut dire aussi que Richard Ferrand a de la bouteille, au contraire d'un Jean-Marc Zelusi, élu député en 2017 uniquement parce qu'à l'époque, l'élan en faveur d'Emmanuel Macron, fraîchement élu président de la République était tel, qu’une chèvre ou une poupée gonflable aurait remporté la mise, dès lors qu'elle eût bénéficié de l'étiquette « La République en Marche ».
Richard Ferrand avait 60 ans au moment des faits. Et surtout, avant d'être nommé Président de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron, en 2018, en remplacement d'un François de Rugy alors empêtré dans une histoire de faux frais de bouche (1), Richard Ferrand eut un long parcours politique.
Membre du parti socialiste de 1980 à 2016, il a d'abord été élu conseiller général du Finistère en 1998, pour récidiver en Bretagne en 2010. Puis est élu député en 2012, il sera rapporteur officiel de la loi Macron 1 et de la loi Macron 2, devenant le secrétaire général du mouvement « En Marche » . Enfin il est nommé, en mai 2017 ministre de la Cohésion des territoires dans le premier Gouvernement d’Édouard Philippe. Il doit quitter ce poste en juin 2017, mis en examen. Il niera tout en bloc dans cette procédure judiciaire en dépit des preuves accablantes contre lui.
Faits qualifiés « haut fait d'armes » attestant du respect des valeurs macroniennes susdites, jurisprudence validée depuis par moult de ses collègues. Elu député haut la main en 2017, ses pairs l’élurent Président de l'Assemblée nationale en 2018.
Voilà pourquoi Richard Ferrand a osé faire ce que Jean-Marc Zulesi, lui, s'est résigné à ne pas faire.
Il ne s'agit pas là essentiellement de courage, mais d'expérience : un trop-plein d'expérience pour l'un, un très grand manque d'expérience pour l'autre. En vérité, Richard Ferrand n'est pas plus courageux, honnête ou probe, que Jean-Marc Zulesi n’est lâche, quand il a finalement décidé de ranger tambourins et trompettes pour sortir la flûte de pan.
Si Richard Ferrand s'est permis de pousser le bouchon aussi loin dans le mépris, l'illégalité et le vice, c'est parce qu'il était persuadé qu'il pouvait tout se permettre. Qu'il ne risquait rien. À tort. Une fois n'est pas coutume, les électeurs ont eu de la mémoire : lors des élections législatives qui ont suivi, « Monsieur le Président » a été éliminé dès le premier tour.
Et depuis, dites-moi si je me trompe, on n'a plus jamais entendu parler de lui.
Craignant sans doute de finir pareillement aux oubliettes de la politique, Jean-Marc Zulesi a préféré circonscrire le libre-court à ses pulsions despotiques dans l'exercice de ses fonctions, aux limites de ce qui est admis par le corps électoral.
L'avenir nous dira si « les Françaises et les Français » ont estimé, qu'au contraire, ce faux affranchi les a franchies.
D'après Robert de Niro, Joe Pessi et Ray Liotta, ce n'est pas du cinéma : c'est tout à fait possible.
(1) une histoire de langoustes et caviar qu'il n'a toujours pas digéré, allergique le pauvre qu'il y est, jure-t-il, et de champagne également, une boisson qu'il affirme détester. Et là, on veut bien le croire : le mal au crâne que ça lui a filé, en fait, politiquement, il ne s'en est jamais véritablement remis.
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