Les mutilations génitales féminines : un problème trop méconnu en France
TRIBUNE - Les mutilations génitales féminines (MGF) sont très largement méconnues du grand public qui ignore le plus souvent leur existence. Et pourtant, selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), entre 100 et 140 millions de jeunes filles et de femmes dans le monde vivent avec les séquelles de mutilations sexuelles, pratiquées le plus souvent entre l'enfance et 15 ans.
Parmi celles-ci, 600 000 vivraient en Europe dont 100 000 en France. Elles n’étaient que 54 000 en 2004.
A une époque où les violences exercées contre les femmes et les enfants sont au centre des préoccupations de la société, le sujet des mutilations génitales reste absent des débats. Plus étonnant les mouvements féministes, néo-féministes, wokistes sont, sur ce sujet, étrangement muets. Alors que, selon l’OMS, chaque année, ce sont près de quatre millions de filles dans le monde, pour la plupart âgées de moins de 15 ans, qui risquent d’être victimes d’une mutilation génitale féminine. D'après un rapport de l'Unicef, une excision est pratiquée toutes les quatre minutes à travers le globe sur une petite fille. Sur une année, cela représente le chiffre astronomique de trois millions de filles, à peu près l'équivalent du total des naissances de petites filles en France depuis 2010.
Devant ces chiffres qui donnent le tournis, comment expliquer le silence médiatique assourdissant et l’indifférence de nos sociétés ?
Deux raisons principales peuvent être avancées :
- Pour beaucoup, les MGF sont le produit de facteurs culturels, religieux et sociaux qui n’ont cours qu’au sein de familles et de communautés de pays d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie. Cette forme de torture ne concernerait pas notre continent. En France, pas moins de trois adolescentes sur 10 dont les parents sont originaires d'un pays où est pratiquée l'excision vivent avec la menace d'être excisée d'après l'association Excision, parlons-en ! Pourtant, ces mutilations génitales sont interdites en France et punies par 10 à 20 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende (article 222-9 du code pénal).
Malgré cela, des excisions se déroulent durant des vacances dans le pays d'origine des parents et d'autres sont organisées en France par la famille ou l'entourage direct de la fillette ou de l'adolescente.
Le pire, c’est qu’elles peuvent être organisées en Afrique, par la grand-mère qui accueille la petite fille en vacances, à l’insu des parents restés en Europe.
Depuis 1983, un arrêt de la Cour de cassation assimile l'excision à une mutilation et considère donc cet acte comme un crime. En effet, les affaires de mutilations sexuelles féminines relèvent des assises. Au total, 29 procès à l'encontre de parents ou d'exciseuses ont été recensés en France depuis 1979.
- Un nombre extrêmement limité de victimes a saisi la justice au cours des dernières années. Que ce soit à cause de l’âge des victimes – l’excision se pratiquant le plus souvent entre la naissance et l’âge de 15 ans – ou de la pression de l’entourage, l’omerta camoufle le phénomène dans la sphère publique.
En France, le dernier procès a eu lieu au Mans. Fin mars 2022, une mère de famille a été condamnée à cinq ans de réclusion avec sursis pour avoir fait exciser ses trois filles, alors âgées de 4, 5 et 7 ans, lors de voyages à Djibouti en 2007 et 2013. Si la mère a bien compris que cette mutilation est strictement interdite en France, elle n’en a pas compris le pourquoi. Ce procès est le premier depuis dix ans dans l'Hexagone après celui de Nevers, en 2012 qui concernait une famille guinéenne qui avait fait exciser ses quatre filles.
Le discours occidental bien-pensant, influencé par le wokisme, souvent hésite à critiquer ces pratiques barbares au nom du respect des différences culturelles. Cependant, il est crucial de distinguer entre la célébration de la diversité culturelle et la condamnation de pratiques qui violent la dignité humaine.
Les féministes, dans leur quête de justice et d'égalité, doivent également prendre en compte la responsabilité des femmes impliquées dans la perpétuation des MGF. Comprendre et lutter contre cette réalité nécessite un engagement global, impliquant non seulement des changements législatifs mais aussi des efforts éducatifs et de sensibilisation au sein des communautés concernées.
En somme, la lutte contre les mutilations génitales féminines exige une approche multidimensionnelle, intégrant des actions légales, éducatives et sociales, ainsi qu'une remise en question des normes culturelles qui tolèrent de telles pratiques inhumaines.
Gérard Guillaume est rhumatologue. Il fut très proche du professeur Luc Montagnier.
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