Manuel Valls : un remaniement possible "s'il y a un pacte avec les écologistes"

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Pierre Plottu
Publié le 31 mars 2015 - 11:35
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Manuel Valls était l'invité de BFM TV, lundi 12 janvier 2015.
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©Capture d'écran Twitter @BFMTV
Le Premier ministre veut "corriger l'erreur" de la "hausse cumulée des impôts qui a mis en colère les Français".
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Manuel Valls était l'invité de RMC et BFMTV ce mardi matin. Le Premier ministre est notamment revenu sur un possible remaniement pour faire entrer les écologistes au gouvernement, ainsi que sur sa politique économique.

Êtes-vous responsable de la défaite de la gauche aux départementales?

"Chacun a sa part, j'assume la mienne. Mais je me suis beaucoup dépensé pendant cette campagne, pour défendre les compétences des départements, pour défendre les majorités de gauche sortantes et car je ne voulais pas que le FN soit la première force du pays".

"C'est une responsabilité collective. Pas seulement sur la division, qui ne pouvait pas créer une dynamique".

"Nous avons gardé plus de 30 départements, c'est déjà exceptionnel. Mais unis dès le premier tour nous aurions pu en garder beaucoup plus".

"L'abstention est signe d'insatisfaction, d'attente de résultats. Il y a de l'indignation, de la colère face aux inégalités aux injustices. Face à cela, malgré une amélioration que les Français ne perçoivent pas, il faut redoubler d'efforts".

 

Avez-vous pensé à démissionner?

"Non. On rajouterait une crise politique et ce n'est pas ce qu'attendent les Français. Ils me demandent de continuer l'action pour redresser le pays. Tant que j'ai la confiance du président et de la majorité, nous continuerons d'agir, ce résultat (des élections départementales, NDLR) ne remet pas en cause le gouvernement".

"Une politique économique ne peut pas zigzaguer. Nous avons des premiers résultats, même s'ils ne se voient pas encore. Nous sommes en train de renouer avec la croissance, avec la confiance des ménages. La baisse du pétrole ainsi que celle de l'euro, que j'avais demandée il y a un an, et enfin la baisse des taux d'intérêts, mais aussi le pacte de responsabilité baissant le cout du travail, tout cela améliore les marges des entreprises. Elles vont donc pouvoir embaucher".

"Les Français ont aussi dit que les impôts sont beaucoup trop lourds. Ils ont augmenté de 30 milliards avant 2012 et d'autant après. Nous avons donc décidé de baisser les impôts en 2014 pour quatre millions de ménages, notamment les couches moyennes et populaires. En septembre prochain, neuf millions de Français seront concernés. Mais, tant que ces neuf millions de Français ne voient pas la baisse, ils n'y croient pas".

"Le pouvoir d'achat global progresse, mais pas celui des retraités. Les petites retraites sont trop faibles. Je suis conscient de cette situation mais je veux être dans la vérité, pas la démagogie, ne pas promettre ce que je ne peux pas tenir".

"La priorité c'est l'investissement des entreprises et le travail. Un seul objectif: l'emploi".

 

L'échec de la première partie du quinquennat?

"Nous serons jugés dans deux ans. Notre pays a traversé une crise économique majeure, notre tâche c'est de continuer à redresser les comptes publics et notre industrie. C'est le choix majeur qui a été annoncé en janvier 2014 par le président. Car pendant 10 ans notre pays et nos entreprises ont perdu en compétitivité".

"Nous allons examiner dans les prochaines semaines comment on peut être encore plus efficaces. Aujourd'hui nous avons 1% de croissance, à la fin de l'année je veux 1,5% ce qui permet de faire baisser le chômage".

 

Avez-vous toujours une majorité?

"Nous avons une majorité à l'Assemblée nationale".

"C'est important que toute la gauche se retrouve. La division mène à la défaite et ne fait pas gagner la gauche de la gauche. Je n'accuse personne, je veux rassembler".

"Les Verts et les socialistes se parlent à nouveau".

 

Un remaniement prochain?

"Je l'ai toujours souhaité. Je souhaitais que les Verts restent au gouvernement il y a un an (lorsqu'il a été nommé Premier ministre, NDLR). Unis nous sommes plus forts".

"Il faut un pacte entre les socialistes et les écologistes, s'ils considèrent que c'est possible de gouverner avec la ligne économique qui est la notre, les réformes en matière de transition énergétique que nous sommes en train de mener et la lutte contre les inégalités".

"Il y a toujours des politiques alternatives. Il y a en a une, celle de l'extrême droite, qui est celle de sortir de l'euro. Il y a celle de l'UMP, que je ne connais pas encore exactement, mais qui est de faire encore plus d'économie, 150 milliards. Quant à la gauche de la gauche, si (son programme) n'est que de la dépense publique en plus, nous n'y arriverons pas".

 

Le tiers payant

"Il va y avoir un débat à l'Assemblée nationale et après la première lecture nous rencontrerons avec Marisol Touraine l'ensemble des professionnels pour examiner les conditions techniques de mise en œuvre de ce tiers payant".

 

La réforme du marché du travail et l'investissement des entreprises

"Les TPE (très petites entreprises, NDLR) sont trop surchargées de paperasses. Nous avons lancé une mission parlementaire car le RSI est un désastre et ne marche pas. Un parlementaire va faire des propositions. Nous voulons tout faire pour faciliter l'embauche au niveau des TPE et TPI (très petites industries, NDLR)".

"Les indépendants ont déjà bénéficié d'un milliard d'aides. C'est un dossier qui n'avait jamais été traité jusqu'ici".

 "Il y aura une fusion du RSA activité et de la prime pour l'emploi autour de la prime d'activité avec un seul objectif, faciliter le retour à l'emploi".

"La réforme pour permettre aux PME et PMI d'embaucher plus facilement, oui. Elles ont peur d'embaucher, il faut donc lever ce frein, mais pas au détriment de nos droits sociaux".

"Faut-il un contrat de travail spécifique? Quoiqu'il en soit la remise en cause du CDI n'est pas dans nos options".

"Nous y travaillons, rendez-vous au mois de juin".

"Quand on met 40 milliards sur la table pour soutenir les entreprises, je demande au patronat d'être au rendez-vous de l'emploi. Le patronat doit jouer son rôle. Alors oui pour plus de flexibilité mais dans la sécurité des salariés".

 

Le programme de réformes qui doit être remis à Bruxelles

"J'ai mis une condition à ce programme: oui il faut baisser la dépense publique, mais nous avons des besoins en termes de sécurité, de lutte contre le terrorisme. Pour le moment, l'armée européenne c'est la France. J'ai donc dit à la commission +oui pour tenir nos engagements, mais (je ne ferais) rien qui remette en cause la croissance+. Il faut que l'Europe le comprenne".

 

Votre plus grande fierté en un an?

"C'est d'avoir tenu le choc avec le président de la République, le ministre de l'Intérieur et la garde des Sceaux contre le terrorisme. D'avoir vu le peuple français se lever, digne".

La plus grosse erreur?

"De ne pas avoir intégré encore plus rapidement la question de l'impôt. La hausse cumulée des impôts depuis des années, à laquelle la droite a pris une part importante, a créé un effet de ras-le-bol, étouffé l'économie et mis très en colère les Français. C'est pourquoi nous sommes en train de corriger cette erreur".

 

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