Sunak : as de la finance mais fragile conservateur, nobody's perfect but my taylor is Rishi...

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France-Soir
Publié le 20 janvier 2024 - 13:40
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Portrait craché Rishi Sunak
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JAcob King / Pool / AFP
Petit soldat de Davos + tailleur réputé de budgets = torie mi-cuit...
JAcob King / Pool / AFP

PORTRAIT CRACHE - En passant, au fil des ans, de Goldman Sachs au 10 Downing Street, le Premier ministre du Royaume-Uni, Rishi Sunak, a troqué les portefeuilles bien garnis et les dividendes stratosphériques par des scandales politiques, une impopularité record et des décisions sans cesse contestées par les Britanniques. Le gendre de Narayana Murthy (milliardaire indien) peine à redorer le blason conservateur, à réunifier ses rangs ou même à redresser l’économie, lui, l’homme de Davos qui semblait promis à soigner la politique et les finances de “l’homme malade de l’Europe”.

Rishi et “bon parti" font bon ménage

Bien jeune en politique, Sunak est élu en 2015 député de la circonscription de Richmond, dans le Yorkshire. Après des études de philosophie, de politique et d’économie, au Lincoln College de l'université d’Oxford, et une maîtrise en administration des affaires à Stanford, en Californie, il travaille, entre 2001 et 2004, en tant qu’analyste pour la banque d’investissement Goldman Sachs. 

Il est ensuite recruté par un hedge fund (fonds d'investissement non coté qui utilise des techniques de gestion non traditionnelles pour générer des profits), TCI Fund Management, considéré par la presse britannique comme le fonds spéculatif le plus performant et l’un des plus agressifs au monde. Il en devient associé en 2006. Puis reprend le chemin vers Californie en 2009, pour travailler dans un fonds concurrent, Theleme Partners. Entre 2013 et 2015, il poursuit sa carrière chez son beau-père, l’homme d’affaires indien N. R. Narayana Murthy (l’un des fondateurs d’Infosys, géant indien de la tech), comme directeur de la société d’investissement Catamaran Ventures.

C’est en cette qualité de “gendre” que les Britanniques découvrent leur futur Premier ministre, qui devient député à 34 ans. “Je suis très heureux que Rishi ait gagné de manière convaincante à Richmond-York avec une telle majorité”, commente son beau-père. Si les médias locaux relèvent le manque d’expérience du député, ils font surtout remarquer que la circonscription de Richmond est réputée être “un siège conservateur sûr”. Rishi Sunak, fils d’un médecin généraliste du National Health Service (NHS) et d’une mère pharmacienne, tous deux issus des colonies indiennes de l'Afrique de l'Est, doit désormais élargir sa base au-delà des “électeurs riches et blancs”.

Taper dans l’œil n’est pas le crever...

Rishi Sunak soutient haut et fort le Brexit et tape dans l'œil de Boris Johnson. Ce dernier est, à cette époque, maire de Londres resté simple député, se fait réélire en 2017 puis en 2019 et exprime ses positions en votant majoritairement contre les projets de loi visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

Il rentre au gouvernement en 2018, en tant que sous-secrétaire d'État parlementaire au sein du département du Logement dans le deuxième gouvernement May. Lorsque Boris Johnson succède à cette dernière l’année suivante, il nomme, dans la foulée, Sunak, secrétaire en chef du Trésor. Il s'agit du deuxième poste ministériel le plus élevé des Finances britanniques, après celui de Chancelier de l'Échiquier. Le 13 février 2020, son supérieur Sajid David finit par démissionner. La voie est libre, Sunak le remplace et tient une ligne d’austérité budgétaire : il s’oppose à une hausse des dépenses publiques pour relever une économie en récession et sujette à une forte inflation. Néanmoins, il change ses plans durant la pandémie de Covid. En bon élève de Klaus Schwab il ouvre les robinets des dépenses pour redresser l'économie et le pouvoir d’achat. Il annonce un plan de 30 milliards de livres “pour protéger les Britanniques, les emplois et les entreprises", ainsi que le programme "Eat Out to Help Out", incitant les citoyens à consommer dans les restaurants. Il se dit également opposé à l’introduction d’une taxe carbone pour réduire les émissions de CO².

Ces initiatives ne sont pas du goût de son “parrain” Boris Johnson. Ce dernier, après lui avoir adressé un courrier lui demandant d’alléger des restrictions qui “freinent le redémarrage du pays”, lui reproche un manque de sens politique. Le Premier ministre suggère même de rétrograder l’ancien député de Richmond lors d'un remaniement ministériel.

Commence alors un bras de fer entre les deux hommes qui finira par propulser Rishi Sunak au sommet du pouvoir. Dans les sondages de cette époque, il est déjà perçu comme le plus à même de prendre la succession de Johnson. Les sujets de la discorde sont multiples : le gel des retraites et la neutralité carbone à l’horizon 2050 sont les deux principaux. Mais le Chancelier de l’Echiquier peut compter sur le soutien des poids lourds du Parti conservateur, notamment des députés dits “anti-lockdown” (anti-confinement), qui saluent ses efforts durant la pandémie.

Le 5 juillet 2022, Rishi Sunak démissionne, évoquant des “différences d’approches” avec Downing Street en matière d’économie. Son départ intervient presque simultanément avec celui de Sajid Javid, le secrétaire à la Santé et à la Protection sociale, et ceux d’autres membres du gouvernement. A côté de ces dissensions, Boris Johnson est confronté au scandale du “Partygate”, terme renvoyant aux fêtes tenues au 10 Downing Street ainsi que dans divers ministères, durant la pandémie de Covid, au moment où les autorités faisaient appliquer les plus sévères restrictions sanitaires. Ajoutés à cela, des scandales sexuels impliquant plusieurs députés conservateurs poussent le Premier ministre à la démission, le 7 juillet 2022. 

Rishi le tailleur, réputé pour la coupe franche

La voie n’est pour autant pas complètement dégagée pour Sunak. Il se déclare candidat à la succession de Boris Johnson, tout comme Liz Truss. Cette dernière obtient 57,4 % des voix auprès des députés. Mais elle est contrainte à la démission seulement 44 jours après le début de son mandat en raison d’une nouvelle crise politique. Celui qu’on surnomme "l’homme de Davos" pour son passé économique et financier est nommé Premier ministre par le roi Charles en octobre 2022. 

L’ancien analyste de Goldman Sachs fait face à une grave crise économique et sociale. L'inflation dépasse 10 %, le taux le plus élevé du G7, et les prix de l'énergie et de l'alimentation flambent, la récession guette. Cheminots, fonctionnaires ou infirmiers se mettent en grève et demandent des augmentations de salaire. Sunak reste ferme. Il ne veut pas négocier ni recevoir les responsables syndicaux. Il justifie ces refus en affirmant que l'augmentation des salaires pourrait accélérer l'inflation. Il menace même de mobiliser l'armée pour remplacer les grévistes dans certains secteurs.

A force de présenter des orientations budgétaires semées de coupes franches et de hausses d'impôts, sa popularité finit par en prendre un sacré coup. Au sein d’un Parti conservateur extrêmement divisé après douze années de pouvoir, il doit faire face à de fortes rébellions. Trois mois après son accession au pouvoir, et deux ans avant des échéances législatives, il peine à stabiliser son gouvernement où plusieurs scandales impliquant des ministres (et des cadres tories) se font jour.  

Un financier pas tout fait briton dans l'âme...

Lors de sa candidature à Downing Street, Rishi Sunak s'était vanté d'avoir un plan clair pour résoudre les problèmes. Mais, quelques mois plus tard, sa gestion, vue par certains comme très pro-WEF (World Economic Forum), est remise en cause, sa popularité chute (comme celle de tous les gouvernements poussés par Davos) et Sunak prend le même toboggan que Trudeau, Ardern et Macron. Les victoires électorales du Parti travailliste s’apparentent à un sévère coup de semonce. Les mesures de l’été 2023 du Prime Minister, visant à soutenir la production d’hydrocarbures et les automobilistes britanniques au nom de la croissance économique, sont analysées par les observateurs comme une simple tactique électorale pour contrer le Labour Party. Elles finissent par avoir l’effet inverse. L’électorat lui reproche sa volte-face sur des décisions climatiques, lui qui avait déclaré “qu’il ne reculerait pas” dans ses efforts de lutte contre le réchauffement climatique. Ce sont d’ailleurs ces décisions autour du climat qui vont encore l’affaiblir. Les quartiers résidentiels à “faible trafic”, dont les caméras et les bornes détectent les véhicules non conformes à la “Toxicity Charge” pour leur imposer une amende de 12,50 Livres par infraction, soulèvent bien des oppositions : les citoyens craignent d’être obligés d’abandonner leurs véhicules pour se rendre à leur travail ou de payer annuellement jusqu’à 4 000 livres d’amendes.

Les Travaillistes ont maintes fois reproché à Rishi Sunak, sans doute le plus riche membre du Parlement, d’être déconnecté des problèmes quotidiens. En 2022, alors qu’il est ministre des Finances, Sunak se retrouve au cœur d’une polémique avec son épouse, Akshata Murty, de nationalité indienne, qui bénéficie d’un statut fiscal fort avantageux. Le couple détient un capital commun de 730 millions de livres, supérieure à la fortune de la défunte queen Elizabeth II, qui se chiffrait à environ 350 millions de livres (420 millions d’euros), selon la presse.

Cameron embarqué sur le Titanic

En novembre 2023, la crise chez les conservateurs oblige Sunak à faire appel, dans le cadre d’un remaniement organisé suite au limogeage de la ministre de l’Intérieur, à l’ancien Premier ministre David Cameron. Encore un Young Global Leader de ce cher M. Schwab, habitué du Forum de Davos et des réunions secrètes du Bilderberg. Cameron prend en main les Affaires étrangères britanniques.

Ce sont alors les mesures décidées par le gouvernement Johnson durant la pandémie qui rattrapent Sunak qui est entendu par une commission d'enquête sur le Covid. Accusé d'avoir contribué à la propagation du virus, il doit justifier certaines de ses décisions. Il mise sur la lutte contre l’immigration pour resserer les rangs de son parti, mais frôle le fiasco politique (et la démission), avec le projet de loi controversé sur l’expulsion de migrants vers le Rwanda, adopté après des semaines de tractations entre Downing Street, la Chambre des communes et la Cour suprême.

Selon un sondage réalisé en janvier 2024 par l’Express.co.uk, le Labour maintient une avance de 20 points sur les Tories à quelques semaines d’élections partielles où le Parti travailliste est donné grand favori. Se profilent également des élections législatives dans un an. Selon le même sondage, la formation dirigée par le Prime Minister sera réduite à 114 sièges au Parlement si les choses ne changent pas. 

Rishi Sunak sera-t-il le responsable d’une historique déroute des conservateurs ?

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