La cigarette pourrait favoriser les troubles psychiatriques
Chaque semaine semble apporter une nouvelle étude démontrant les méfaits du tabac. Selon la dernière en date, parue vendredi 10 dans la revue Lancet Psychiatry, non contente de provoquer cancers et maladies cardiovasculaires, la cigarette pourrait également favoriser la survenue de troubles psychiatriques sévères de type psychoses comme la schizophrénie.
Si des associations statistiques entre tabac et psychoses avaient déjà été mises en lumière dans de précédentes études, celle-ci innove. Allant à l’encontre des théories déjà évoquées selon lesquelles la cigarette permettrait de compenser les effets des médicaments utilisés pour traiter les troubles psychiatriques, les chercheurs se sontpenché sur l’hypothèse inverse selon laquelle la cigarette elle-même"pourrait accroître le risque de la survenue de ces troubles", expliquent-ils dans leur article.
Analysant plusieurs études déjà existantes et portant sur un total de 14.555 fumeurs et 273.162 non-fumeurs, les scientifiques sont arrivés à la conclusion suivante: "la consommation quotidienne est associée à un risque accru de psychose et à l'apparition plus précoce de troubles psychotiques". Ainsi, dès l’apparition de leur maladie, les psychotiques ont trois fois plus de chances d’être fumeurs que le reste de la population, selon les scientifiques.
"Il est possible que l'exposition à la nicotine qui accroît la diffusion de dopamine (un neurotransmetteur associé au mécanisme de la récompense, NLDR) entraîne le développement de psychoses", explique Robin Murray du King's College de Londres. L'excès de dopamine dans le corps étant une des hypothèses pour expliquer la schizophrénie.
"Même s'il est toujours difficile de déterminer une causalité, nos résultats montrent que la tabagie devrait être considérée sérieusement comme un facteur de risque possible dans le développement de psychoses et non pas considérée comme une simple conséquence de la maladie", poursuit quant à lui James MacCabe, également du King's College.
Son collègue et compatriote Michael Bloomfield de l’University College de Londres tient toutefois à tempérer la portée de l’étude. "Beaucoup de travail reste à faire pour que les scientifiques puissent déclarer avec certitude que le tabac accroît véritablement le risque de schizophrénie", tempère-t-il.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.