Circulation alternée à Paris et en banlieue : les automobilistes ne respectent pas toujours les règles
"J'avais pas compris", "c'est une urgence", "je vais pas loin, j'habite à côté"... Les automobilistes parisiens redoublaient d'imagination ce jeudi 8, pour éviter une amende, aux contrôles de police lors de la troisième journée consécutive de circulation alternée. Seules les voitures avec une plaque d'immatriculation portant un numéro pair étaient autorisées à circuler jeudi dans la capitale et dans 22 communes de la petite couronne, en raison de la persistance de la pollution aux particules fines et au dioxyde d'azote. Les villes de Lyon et Villeurbanne mettront également ce dispositif en place, pour la première fois, à partir de vendredi.
"J'allais pas acheter une autre voiture pour travailler aujourd'hui!" lance Jug, 31 ans, mécontent. Tapotant impatiemment sur son smartphone au volant de sa camionnette immatriculée en impair, cet entrepreneur dans le bâtiment attend sa contravention de 22 euros. "Je comprends bien qu'il y a un problème de pollution. Mais là, tout ce que ça va faire, c'est me mettre en retard, et dans le pétrin", vocifère-t-il.
Julien, 36 ans, lui, a obtenu une dérogation en faisant du covoiturage. "On est cinq, on a rempli la voiture. Mais pour lutter contre la pollution, il faudrait faire plus: installer un péage urbain, instaurer la gratuité des transports publics toute l'année", estime ce commercial chez un concessionnaire automobile. Pour de nombreux automobilistes, la circulation alternée déjà mise en place en région parisienne en octobre 1997, en mars 2014 et en mars 2015, "ça ne sert à rien". "Ça ne fait pas baisser la pollution", argumente Coraline, 27 ans, faisant référence au faible impact sur l'amélioration de la qualité de l'air relevé par l'association de surveillance de la qualité de l'air Airparif, suite aux deux premiers jours de circulation alternée dans la capitale.
"Moi, la pollution, je ne la vois pas. Je continue même à faire du sport", lance d'un air bravache Georges, 18 ans, qui joue au rugby sur un terrain "à côté du périph'". Valentina, 57 ans, inspectrice du travail, jongle entre sa voiture personnelle immatriculée en impair et son véhicule professionnel en pair, pour travailler. "Il faut que chacun fasse des efforts", dit-elle. "Mais les gens ne respectent pas la règle et il y a trop de dérogations".
En début de journée jeudi, le cumul de bouchons était à un niveau jugé "exceptionnel" par la Direction des routes d'Ile de France, qui a recensé un pic de 415 km d'embouteillage peu après 8h30, contre un peu plus de 300 kms habituellement.
"La pollution, ça touche tout le monde. Moi j'ai des enfants, je ne vais pas leur mettre des masques à gaz pour aller jouer dehors", dit Steve, 36 ans, livreur. "La circulation alternée, c'est bien mais il faudrait aussi anticiper. C'est pas quand on est le nez dedans qu'il faut faire quelque chose, les particules, c'est toute l'année", dit-il.
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